Longtemps terra incognita du point de vue cinématographique, l'Amérique centrale commence à enfin faire connaître ses productions, d'abord dans les festivals à travers le monde, puis grâce à une distribution plus large. C'est principalement le cas pour deux pays : le Guatemala et le Costa Rica. C'est de cette dernière contrée, qui n'est pas qu'un eldorado touristique, que provient La danse du serpent, le premier long-métrage de Sofia Quiros Ubeda. Le scénario n'est pas le point fort d'un film qui délaisse assez souvent le réalisme, malgré la réussite des scènes qui en sont empreintes, pour le côté magique et surnaturel que l'on retrouve très souvent dans la littérature et le cinéma latino-américains. L'histoire du changement de peau de l'adolescente, héroïne du film, et sa progression vers l'âge adulte, sont chargées d'un nombre de symboles impressionnant, à l'image de la mue des serpents, animaux très présents dans cette danse qui oscille entre la vie et la mort. Il y a de très beaux moments entre la jeune fille, incarnée avec un grand talent par le jeune actrice Smashleen Gutiérrez, et son grand-père, mais aussi de nombreux passages panthéistes qui rappellent forcément un certain Weerasethakul. Ce n'est pas que trop de poésie tue la poésie mais le film ne serre pas assez sa trame narrative pour convaincre pleinement même si l'on se trouve bien dans cet univers onirique aux accents tropicaux. La nature est luxuriante et somptueuse au Costa Rica, c'est une évidence, mais le récit de La danse du serpent lui fait la part trop belle au détriment d'une histoire qui aurait pu être développée de manière plus tangible, sans perdre pour autant son aspect cosmique.

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le 8 mars 2020

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