Remettre au goût du jour la danseuse qui révolutionna la danse moderne est une tache noble, aussi bien dans son parcours atypique dans le monde de l'art que dans ses fragments de vie d'artiste torturée. Mais c'est bien de cette version « inspirée d'une histoire vraie » que viennent les faiblesses du film. Que l'on connaisse ou pas Louïe Fuller, la linéarité et les séquences qui s’enchaînent sur sa vie affublent le film de chaînes plus qu'ils ne l'émancipent.
Au début on est perplexe quand à ces rapides scènes pour montrer l’évolution du personnage, que ce soit par la relation à son père ou par l'éclair qui lui donna la trajectoire de son œuvre. Un enchaînement dépourvu d'âme, si ce n'est de la talentueuse Soko, pour nous énumérer les débuts d'une vie difficile. Pourtant le film réussit à se parer d'une image audacieuse et d'une bande (non) originale à la hauteur du talent qui nous est présenté.
Soko agit avec grâce et se donne corps et âme (parfois trop) dans le personnage jusque dans l'alchimie de la chorégraphie. La réalisatrice réussit alors le tour de force de donner vie à la danse et sa scénographie avec autant de frissons que les spectateurs de l’époque ont du éprouver.
Mais si la création et l'aboutissement de celle-ci, en passant par la douleur de ces années fructueuses pour celle qui ne se considérait pas comme une danseuse, sont autant de scènes enchanteresses, il existe aussi quelques lourdeurs. Le personnage de Louis (Gaspard Ulliel qui n'en finit pas de jouer dans la retenue ce mois-ci) est difficilement crédible tant il incarne la part torturée de Louïe. D'autant que ce personnage fictif n'est au final créé que pour apporter son lot de drama à un personnage qu'on aurait tout autant suivit même sans ses histoires d'amours impossibles. Son homosexualité est reléguée au second plan, élaborée rapidement pour donner du corps à la trop lisse Lily-Rose. Celle-ci n'arborant que sa beauté et ses tours de jambes pour incarner la frivolité et le naturel d'Isadora Duncan.
Qu'on prenne des libertés ne me dérange guère à condition quelles soient nécessaires et non pas pour susciter plus de corps à l'histoire. La performance de Soko et la personnalité de Louïe Fuller tout autant que son invention auraient été dans l'ensemble accepté sans apparats.

LuluCiné
6
Écrit par

Créée

le 30 sept. 2016

Critique lue 310 fois

1 j'aime

LuluCiné

Écrit par

Critique lue 310 fois

1

D'autres avis sur La Danseuse

La Danseuse
PierreDescamps
5

Une valse à 4 temps

Techniquement magnifique, La Danseuse pêche clairement au niveau de l'écriture brouillonne et du traitement superficiel des personnages. Film d'époque, on est d'abord porté par l'histoire de Loie...

le 14 mai 2016

21 j'aime

La Danseuse
eloch
9

Elle

Pour son tout premier film, Stephanie Di Gusto a choisi de raconter la vie d’une danseuse méconnue : Loïe Fuller, qui croisa la route d’Isadora Duncan. Plus qu’une danseuse-étoile, Loïe...

le 30 juin 2016

19 j'aime

5

La Danseuse
mymp
5

La Fuller de vivre

C’est en découvrant une photo noir et blanc de Loïe Fuller, dansant dans un extraordinaire tourbillon de formes et de voiles, que Stéphanie Di Giusto se passionna pour cette artiste qui, à la Belle...

Par

le 21 sept. 2016

14 j'aime

Du même critique

Memento
LuluCiné
5

Critique de Memento par LuluCiné

Les adorateurs suprêmes de Nolan ne citent que Memento comme référence. Pour tous les autres n'ayant pas un avis surdosé sur le réalisateur, le film vaut le coup d’œil pour son montage décousu...

le 26 nov. 2014

32 j'aime

4

Hérédité
LuluCiné
5

Critique de Hérédité par LuluCiné

Et voilà qu’on nous refait le coup du renouveau du film d’horreur, et cela à bon escient car c’est pour mieux s’éloigner du produit ultra fabriqué surfant sur la vague du marketing et du jump-scare...

le 18 juin 2018

26 j'aime

2

Knight of Cups
LuluCiné
3

Critique de Knight of Cups par LuluCiné

Mieux vaut savoir à qui on a affaire quand on va voir un film de Terrence Malick, son cinéma n'est pas à la portée de tous mais garde un mysticisme et une palette des sensations qu'on aborde toujours...

le 25 nov. 2015

21 j'aime

2