Film d'horreur pour la famille, spécialement pour papa et maman

Fin des années 60 et début des années 70, la violence à l'écran se généralise avec des films comme La nuit des morts-vivants, La horde sauvage ou Orange mécanique.
Craven et Cunningham pensent pouvoir se faire de l'argent avec ce genre de films et, comme Romero, vont en faire un fauché mais capable de faire le buzz.
Leur histoire n'est guère originale (même Ingmar Bergman a pris la même histoire avant!), mais j'ai remarqué qqch d'assez surprenant durant le visionnage : c'est un film d'horreur pour parents essentiellement.
En effet, ce film flatte les peurs des parents : les quartiers des pauvres sont des coupe-gorges, les vendeurs d'herbe sont des psychopathes en puissance, les filles ne rentrent pas car elles sont sans doute en train de se faire violer, etc.
Puis vient une partie vengeance malsaine car elle permet (avec un grand sérieux) de promouvoir l'auto-justice. Les flics ne cessant de passer pour des abrutis de première : pourquoi ne pas massacrer les racaillesnous-mêmes? Si Craven voulait vraiment affirmer que faire justice avec une tronçonneuse c'est mal il n'avait qu'à expliciter et approfondir la scène finale au lieu de montrer juste un flic regarder la scène avec contrition.

J'ai lu sur un site spécialisé que les personnages avaient une psychologie fouillée. Vérifions : jeune idiote, jeune idiote, méchant très méchant (parce que! comme l'Orangina rouge), méchant très méchant (idem), méchante très méchante (idem), méchant car drogué, shérif incompétent, adjoint abruti, parents gentils et cons qui apprennent vite à user de la tronçonneuse, hippies cons, noire contre-productive.
Remarquons quand même quelques errements de l'esprit :
- la capacité de Krug à délaisser sa victime pour pousser (grâce à on ne sait quel pouvoir hypnotique) un de ses compagnons au suicide,
- la volonté d'une fille à enlever son bâillon non pour crier depuis le coffre mais à pouvoir cracher au visage de ses tortionnaires quand ils seront à portée (trash et surtout très utile!),
- la nouvelle façon de s'enfuir dans les bois : ne regardez que derrière soi et jamais devant (même si un psychopathe peut s'y cacher
- l'esprit pratique des parents qui mettent au point plein de pièges en peu de temps,
- le sadisme devenu masochisme d'un des tueurs qui veut bien se faire attacher les mains pour une masturbation (logique!) par la mère d'une de ses victimes.

Ce film serait également très dur pour les spectateurs : c'est vrai mais il ne fallait pas rompre brutalement et très régulièrement l'atmosphère malsaine avec des scènes de gâteau et de flics abrutis. Ah on me dit que sans cela ce film n'aurait pas atteint les 1h20 de métrage pour pouvoir être qualifié de "long" (mission accomplie!).

Enfin dernier point noir : pour faire un massacre à la tronçonneuse il ne suffit pas d'exhiber cet appareil sous toutes les coutures (on voit alors très bien qu'il est éteint) et rajouter un bruitage monstrueux pour donner le change. C'est le genre de gaffe qu'a repris Poiré pour Ma femme s'appelle Maurice.

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le 24 août 2013

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Jibest

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