Un film éblouissant, et étonnant, sur la vie de Jésus, montré de façon plus humaine.....

Bonjour à tous,


Aujourd' hui, je m' en vais faire la critique de ce film très peu connu de Scorsese. Il mérite d' être plus connu. Sicilien d'origine, Scorsese a forcément vécu dans la tradition catholique pure et peut-être rigoriste. Le voir adapter le roman de Karantzakis peut être surprenant, si on oublie que le bonhomme, si jovial et sympathique aujourd'hui, fut à un moment un junkie sauvé des eaux par Taxi Driver. Sa dernière tentation du Christ, film mystique et hippie par certains aspects est bien loin de la nervosité des Affranchis ou de Casino, mais le maître y prouve encore une fois son audace de mise en scène et de réalisation (incroyable retournement de caméra lors de la crucifixion). Cette audace-là rejoint celle du propos de Karantzakis sur la personnalité de Jésus. Campé par un Wilhem Dafoe habité (citons aussi l'intense Harvey Keitel en Judas), il est ici présenté comme un homme faillible, comme tous les hommes, mais convaincu de sa mission, jusqu'à l'instant fatidique où, cloué sur sa croix, il doute. la réalité est renversée, comme la caméra de Scorsese, le spectateur tombe avec lui dans cette vie parallèle. Il est depuis longtemps happé par l'une des oeuvres les plus audacieuses de cet auteur hors du commun.


Je comprends pourquoi ce film a choqué l'Eglise. Après ce n'est pas une insulte à l'Eglise et à la chrétienté. Scorsese nous offre ici une autre version religieuse. Le Christ est perdue. Il est soumis à de nombreuses épreuves. Il a du mal à admettre qu'il est le fils de Dieu et il ne le veut pas dans un premier temps. Juda est dédiabolisé. Le message du Christ passe dans ce film. C'est un message d'amour. Il veut exercer de la violence mais il en est incapable. Une des tentations de Jésus. Le visage de Satan est présent dans ce film sous les traits de l'innocence. La dernière tentation, c'est lui qui va la soumettre au Christ. Willem Defoe est excellent dans le rôle.


Adapté du roman, lui-même sujet à polémiques, de Nikos Kazantzakis (l'auteur a été excommunié par l'Eglise orthodoxe grecque tandis que le livre a été placé au Vatican dans le rayon des oeuvres prohibées), le film a sa sortie a été à l'origine d'un gigantesque mouvement de foules, en particulier auprès des intégristes catholiques, clamant haut et fort que ce film était blasphématoire. A cela, ajoutons que ces "soldats de Jésus", censé faire partager le message du Christ, paix et amour, ont mitraillés quelques cinémas de coktails molotov projetant le film. Enfin bon, là est un autre débat... Martin Scorsese, devant ces réactions, dira lui-même être étonné par ces comportements négatifs. Malgré tout, "La Dernière tentation du Christ" s'est révelé être un échec cuisant au box-office plongeant Martin Scorsese dans des montagnes de dettes, après avoir vécu un tournage calamiteux. Pourtant, "La Dernière tentation" est un des chefs d'oeuvres de Scorsese, si ce n'est pas SON chef d'oeuvre. Comme le clamait le réalisateur: "Je n'ai pas fait ce film pour convaicre qui ce soit de quoi que ce soit". Phrase qui en dit long sur la teneur du scénario, qui propose une adaptation fidèle du roman en même temps que la foi personnelle de Scorsese. Le film est d'un magnifique et d'une recherche fantastique. Jésus est ici présenté comme un être humain, avec ses craintes, ses doutes, ses tentations, ou il se remet constamment en question. Le film est poétique, même si il n'égale pas la grande poésie de "L'Evangile selon Saint Matthieu" de Pasolini, grâce à une mise en scène virtuose. Mais le grand intérêt est de livrer un regard nouveau et original sur la vie de Jésus, dans lequel Judas est l'apôtre favori du Christ et que sa trahison n'est que le fruit de la demande du messie (chose mise en avant depuis la parution de l'Evangile de Judas, qui narre les mêmes faits). De plus, la dernière tentation est à la fois inovante et philosophique. Le Christ, sur la croix, décide à la venue d'un ange, de vivre une vie normale dans laquelle il se marrie avec Marie-Madeleine, a des enfants, etc... Vie à laquelle il renonce une fois devenu un vieillard, lorsque qu'il se rend compte du peu d'avancement de sa mission en ayant vécu comme un être normal, dans le but d'accomplir son devoir. Film à part de Martin Scorsese, loin des gangsters et de la noirceur new-yorkaise, "La Dernière Tentation du Christ" est une oeuvre touchante et fabuleuse sur la vie du prophète des chrétiens, grâce à des embranchements scénaristiques certes osés comparé au dogme, mais ô combien réussis.


Scorsese nous montre un Jésus, plus humain, en proie au doute et au désir et qui n'est pas vraiment jouasse à l'idée de mourir sur une croix pour expier les péchés du monde (ce qui se comprend aisément, soi dit en passant). Malheureusement, "la dernière tentation du Christ" reste un péplum classique qui montre malgré tout le Christ comme un personnage sacré. Jésus à beau être un peu plus humain que dans la bible, ça ne l'empêche pas de faire pousser des pommiers, comme par magie.


Martin Scorsese adapte en 1988 le roman « The Last Temptation of the Christ » de Nikos Kazantzakis, publié en 1955. Une adaptation qui fit beaucoup de bruits à sa sortie notamment lorsqu’un groupe fondamentaliste catholique incendie une salle du cinéma Espace Saint-Michel à Paris pour protester contre la projection du film. Mais Scorsese surprend et nous offre un point de vue inédit sur la vie de Jésus où il présente ce dernier comme un être humain avec donc ses défauts et ses péchés, n'hésitant pas à montrer un Jésus lâche (qui est même prêt à supplier dieu de ne pas le crucifier) qui se réfugie dans la croyance comme il se réfugiait auprès de sa mère lorsqu'il était plus jeune (dixit Judas). D'ailleurs, c'est l'autre point très intéréssant de cette reconstitution, c'est de ne pas montrer Judas comme le traite et le méchant, c'est à dire l'image qu'il a dans l'opinion général, mais comme celui qui était le plus fidèle à Jésus puis à dieu. Malgré une ou deux petites longueurs (enfin surtout le début, c'est un peu long à démarrer) il arrive à nous captiver et à même à nous passionner pour ce récit, dont on n'oubliera facilement les quelques petits défauts (personnages sous-exploités notamment) pour l'apprécier. Les interprétations sont plutôt bonne et notamment William Dafoe dans le rôle de Jésus, sachant bien montrer les contradictions de ce personnage. Scorsese arrive finalement à nous intéresser et à nous passionner comme en témoigne certaines scènes fortes du film (et plus particulièrement celle de face à face entre Jésus et Judas). Si ce n'est pas exempt de tout reproche, on ne peut que saluer l'audace et la passion du réalisateur pour nous livrer ce récit.


Il est toujours difficile de rédiger une critique ou analyse de ce genre de film tant les considérations philosophiques et religieuses de chacun peuvent revenir sur le tapis et au final on ne débat plus du film lui même. Pour ma part, en tant qu'agnostique, j'ai trouvé ce film très courageux car Martin Scorsese loin de vouloir faire une adaptation académique et pédagogique de la vie « officielle » de Jésus ( comme cela a déjà été fait par plusieurs cinéastes avant lui) décide de prendre un parti pris très personnel.


Avec une grande sincérité, il continue de traiter de thèmes qui obsèdent son cinéma depuis le début. Il se concentre sur l'humanité pleine et entière de Jésus et c'est ce qui fait le film si poignant. Certains passages, notamment de subtiles scènes de dialogues, sont vraiment magnifiques. Le film est souvent très intéressant et explore avec sincérité le dilemme exposé dès l'introduction de manière claire : L'impossibilité pour l'homme d'atteindre à 100% la sainteté (au sens chrétien du terme) et d'une manière plus générale, le tiraillement de chacun entre les passions les plus corporels et l'élévation spirituelle ( quelle que soit la forme qu'on lui donne, religieuse ou pas). Il y a vraiment 3 films en un dans ce film, ce qui est un peu déstabilisant et donne l'impression de voir plusieurs films à la fois. . Toute la première partie est assez surprenante. La vie de Jésus avant son départ pour le désert étant totalement inconnue et n'étant pas traitée dans les textes, il y avait une large possibilité d'interprétation. Sans en révéler la teneur, j'ai trouvé cette première partie très courageuse et poignante. La partie centrale du film est plus classique dans le sens ou elle reprend plutôt fidèlement certains passages des textes officiels. Mais Scorsese reprend surtout des passages ou Jésus fustige la cupidité, l'argent et l'or ce qui n'est pas un choix anodin.


Par ailleurs, autre parti pris très courageux, Scorsese n'hésite pas à explorer ce qui peut paraître de violent et de folie dans la sainteté vu de l'humain. Par ailleurs, on retrouve bien sur à l'écran des scènes emblématiques qui sont adaptés plutôt fidèlement. Celle avec Ponce Pilate traite toutefois particulièrement du principe de responsabilité individuelle ce qui est complètement inattendue mais très intéressant. De plus, il n'y a pas d'intervention extérieur de Dieu, pas de mise en scène de celui-ci, tout est centré sur la vie intérieure de Jésus et tous ces éléments confèrent au film un côté presque laic et objectif. Si l'on peut regretter que les apôtres ne soient pas vraiment développés, c'est parce que tout le film est centré sur la relation entre Jésus et Judas ce qui donne lieu à des dialogues passionnants. Enfin, il y a cette dernière partie qui est celle qui a causé le scandale autour du film car Scorsese, ayant pris le parti d'humaniser au maximum son Jésus, pousse le curseur jusqu'au bout. Cette dernière partie fonctionne comme un miroir des premières scènes du film. Le rythme est un peu lent et certains croyants seront sans doute choqués par un ou deux passages.


Reste que Scorsese n'a pas inclut ces passages uniquement pour faire scandale et c'est simplement une logique par rapport à ses thèmes de départ et une façon de les assumer jusqu'au bout. Cinématographiquement, j'ai trouvé le film extrêmement maîtrisé, audacieux et intéressant. La mise en scène de Scorsese est vraiment solide avec des plans et mouvements de caméra très sophistiqués que j'ai trouvé excellents car tout sauf gratuits et démonstratifs mais totalement au service de son sujet. La photographie est parfois très osée et cultive l'ambiguité de certains passages oniriques qui en deviennent très atmosphériques et marquants. En conclusion, j'ai trouvé le film très intéressant, très courageux et doté d'une construction originale, une grande mise en scène et quelques séquences dialogués remarquables. Scorsese expose sa vision personnelle sans arrogance de vouloir présenter une version objective et officielle , ce n'est que SA vision, simplement la sienne, et elle a le mérite de donner matière à réfléchir.


Sur ce, je vous laisse regarder ce film. Moi, j' ai beaucoup aimé. Tcho. Et, que ce film fasse réflechir les athées stupides, et bornés. @ +.

ClementLeroy
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le 19 août 2015

Critique lue 174 fois

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San  Bardamu

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