D'abord, il y a la lumière. Du jaune, du rouge, du vert, encore encore et encore. On dirait un film de Jean-Pierre Jeunet mais en mieux. Une Amélie Poulain sans mièvrerie, angélique, en lévitation vers la lune. Beauté juvénile, élégance.
Weronika vit à Cracovie, en Pologne. Elle chante, telle un ange au sommet de sa parure. Elle chante et c'est beau, comme Cléo de 5 à 7, mais en différent. Cet ange qui chante donne l'impression d'une extase permanente. En lévitation, au plus haut des cordes vocales de sa voix.
Un jour elle croise son double, au loin, derrière la vitre d'un bus pour touristes. On ne sait pas. Mais est-ce son double ? Une autre personne identique en tout point de vu ? Son clone ?
Le film laisse les questions en suspend, et dévoile un film d'une grande poésie, pudique, silencieuse, envoûtante, magique.
Ainsi, la grande musique de Zbigniew Preisner (celui qui arrive à prononcer son nom comme il faut à le droit à un carré de chocolat), d'une beauté extrême, d'une tristesse infime, d'un envoûtement, d'une noirceur considérable, donne au film toute sa force, sa consistance. Sans elle, le film ne serait rien. Car c'est à la musique que le film doit toute son ambiance si étrange, envoûtante, remplie d'une indicible magie, considérable. Mais aussi grâce aux images, verdâtre inquiétant, jaune intimiste, rouge charnel.
Le désir de la peau, par les yeux du monde. Le désir charnel d'un regard, d'un homme, d'une bouche. Peaux contre peaux, rêve, irréel, magie.
Le film possède ainsi une poésie charnelle d'une beauté irréelle.
Véronica est française et ne sait pas qu'une autre Weronika polonaise vient de mourir. Ou alors, est-ce elle ? Résurrection dans les ténèbres. Beauté angélique. Véronica, Weronika, est-ce la même personne ? Un double ? Deux personnes différentes ? Un rêve, un conte, une histoire racontée lors d'un spectacle de marionnette ? La poupée de chiffon dans le spectacle de marionnette, qui se meurt et ressuscite en papillon, est-ce elle, Véronica, Weronika ? Des questions, des interprétations. Des rêves qui se poursuivent, qui s'échappent sans donner de réponse.
Mais ce n'est pas les réponses qui importent le plus, le réalisateur le sait. Ainsi, il laisse notre esprit vagabonder à notre guise, sur la beauté irréelle d'un film.
Ce film est un rêve, velouté de velours, à la langueur langoureuse, et parfois un peu tardive, comme dans les nuages, dans la mousse d'un bain moussant. Ainsi, trop vive est parfois la langueur. Trop molle est parfois la lenteur. Mais on s’aperçoit que tout autour, ce n'est fait que d'envoûtement, encore et encore, jusqu'à se perdre, peut-être parfois un peu trop.
Mais on excuse ses fines parcelles de longueurs, car l’ambiance, la musique, l'envoûtement ne peut rien faire d'autre que de nous emporter entièrement, dans le monde angélique du cinéma.
Ainsi, oui, il y a quelques longueurs, mais rien n'est plus beau que ces deux amants qui se prennent peaux contre peaux, et qui s'aiment en silence. Ainsi, les plans au plus près. Le désir charnel des visages. Les pores de chaque peaux qui vibrent sous la caméra qui filme sans bruit.
C'est une musique qui restera gravée dans les mémoires, c'est un compositeur qu'il nous faut découvrir, coûte que coûte. Pour cela, se jeter sur l'entière filmographie du réalisateur. C'est dans ceux là que ce cache la profonde musique du compositeur.
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