Je vois déjà venir les détracteurs : « encore un film pour ados », « toujours la même histoire, les mêmes personnages et les même clichés »… Vous n’auriez pas tort. Du moins, au premier abord. Car comme le film de Jake Schreier va vous le prouver : les apparences sont souvent trompeuses. Je suis certaine qui si vous preniez le temps de voir La face cachée de Margo avec un regard dénué d’aprioris, vous y verriez beaucoup plus qu’un livre Young Adult.
Pour ma part, j’ai fait un petit bon en arrière. Retour en terminale. La fin d’une période, celle des au revoir, où tout le monde prend un chemin différent. Mais le début d’une nouvelle. Celle où il faut faire des choix, recommencer à zéro et enfin se construire en tant qu’individu. Ça en fait des choses à 17 ans. Et c’est pourtant ce que les personnages vont vivre.
Miroir mon beau miroir
La Face cachée de Margo évolue de façon intéressante : d’une introduction très classique, nous sommes vite plongés dans une enquête mystérieuse, pour terminer sur un road trip entre potes. A travers toutes ces étapes, nous y voyons également l’évolution de nos protagonistes. La Face cachée de Margo n’est absolument pas une comédie romantique. C’est un film sur l’amitié, un film sur l’adolescence et ses interrogations. Bref, c’est un film initiatique qui s’interroge de façon très intéressante sur le regard des autres. Comme Margo (mise sur un piedestale) ou sa meilleure amie Lacey (aka la bombasse), nous ne sommes pas ce que les autres voient de nous. Nous sommes plus. L’identité ne se limite pas à l’image véhiculée.
Et c’est là que le titre original prend tout son sens : Paper Towns. Ces villes de papier sont des villes fictives imaginées par des cartographes et glissées sur leurs cartes, pour éviter tout plagiat en piégeant les contrefacteurs. Comme un rêve, comme Margo, ce que nous voyons n’existe pas.
Cette Margo d’ailleurs, elle a beau faire couler beaucoup d’encre, elle n’est finalement que très peu présente dans le film. Comment trouver la bonne personne pour l’incarner ? Et bien, quoi de mieux que de choisir un mannequin pour cet « être de papier » ? Si le choix de Cara Delevingne détonne, il s’avère surtout gagnant. Pas étonnant que sa carrière d’actrice explose. Par sa présence énigmatique, Cara apporte à Margo un charisme à la fois sauvage et fragile. Je suis tombée sous son charme. Elle marque le film par ses quelques apparitions.
J’ai pris aussi beaucoup de plaisir à retrouver Natt Wolff (Isaac dans Nos étoiles contraires) et à découvrir toutes la petite et prometteuse bande de potes avec une préférence pour la pétillante Halston Sage.
En plus d’être une bonne adaptation, La face cachée de Margo est une jolie fresque sur l’adolescence. Pleine de mélancolie et de naïveté, je suis quand même ressortie du film avec une belle énergie. Je me suis simplement laissée embarquer. Comme un membre à part entière du groupe, j’ai rigolé avec eux, mené l’enquête et pris la route pour chercher Margo. J’ai partagé leurs émotions : de la surprise, de la déception, de la joie… pour finalement, ne retenir qu’une réplique ô combien représentative de ce film : « Il faut savoir se perdre pour se trouver ». Merci Margo Spiegelman. (<– Spiegel veut dire miroir en allemand).