♫ We're a spooky family ♪

Ma première rencontre avec cette Famille Addams new look, en avant-première dans le cadre du Arras film festival, avait finalement eu tout du rendez-vous manqué. Et assez douloureux de surcroît.

Le masqué a donc dû attendre la sortie nationale, comme tout le monde, pour se faire un avis... Tout en redoutant la réalité des échos tiédasses, voire peu engageants, qui accompagnaient les premières séances.

Et il faut le reconnaître : certains des griefs les plus communément évoqués sont évidents, comme cette pauvre performance de Kev Adams (ah ah !) vérolant littéralement la version française du film, faisant d'autant plus regretter de ne pas pouvoir entendre Oscar Isaac en VO. Ou encore cette technique qui doit avoir dans les quinze ans de retard dès lors qu'elle se mêle de faire évoluer une personne autre qu'un membre de la célèbre famille. Quant à la texture de la choucroute anachronique de la Valérie Damidot de Foir'Fouille, mieux vaut ne pas en parler...

Le premier tableau dressé des principaux défauts de l'oeuvre a donc de quoi effrayer, pour de mauvaises raisons. Sauf que les premières minutes du film, dès lors qu'il fait évoluer en vase clos Gomez, Morticia et consorts, rassure. Car, contrairement à des trucs paresseux et par dessus la jambe comme Hotel Transylvanie, La Famille Addams est respectueux de son matériau, ne tournant jamais en dérision ses personnages, leur goût du macabre et leur humour doucement noir.

Et le spectateur de se montrer tout d'abord étrangement conciliant, avant de se surprendre à sourire de leurs facéties baignant dans une atmosphère qui n'est pas sans rappeler, un petit peu, celle de Edward aux Mains d'Argent dans sa confrontation entre la monstruosité et la normalité, ou le portrait de ces villageois mous du bulbe. De quoi se remémorer que naguère, le projet avait été proposé à Tim Burton avant de partir sous les cieux de l'animation de synthèse.

La famille Addams étant présentée comme une famille normale dans ses préoccupations, le poids de ses traditions ou leur volonté de ne pas sortir de leur propre norme, le monstre reprendra donc les traits d'une vilaine Damidot machiavélique et manipulatrice par réseaux sociaux interposés, occasion de reprendre le discours traditionnel de leurs méfaits et de l'intrusion de la technologie dans nos vies. Rien de neuf, donc, mais le spectateur, pourtant, ne décroche jamais, séduit par la famille bien connue et plutôt bien traduite en animation. Séduit aussi par l'atmosphère et l'ambiance gothique de son manoir comme doué de vie.

Rien de renversant, ni de foncièrement neuf, mais le film témoigne au moins, malgré ses nombreux défauts, d'un amour de son sujet et d'une honnêteté dans le traitement de la funèbre tribu dont on remerciera le duo de réalisateurs, Conrad Vernon et Greg Tiernan, attelage qui avait tout de l'improbable.

Pas de quoi hisser le film au firmament de l'animation 2019, mais au moins passer un moment sympa. Et c'est déjà pas mal au vu des premiers retours plus que mitigés sur le site.

Behind_the_Mask, qui aime le Mercredi, et les autres jours aussi...