Angleterre, début du XVIIIe siècle. Pendant que le pays est en guerre avec la France de Louis XIV, la vie s'écoule tranquillement à la cour de la reine Anne. Enfin, si on met de côté le fait que ladite reine présente une santé tant physique que psychologique pour le moins fragile. Elle goûte peu aux contrariétés et aux responsabilités inhérentes à sa fonction. Si bien que c'est son amie/amante Sarah Churchill qui gère les affaires du royaume dans l'ombre de la souveraine.
Si toutes deux semblent y trouver leur compte, cette harmonie pourrait bien être mise à mal par l'arrivée à la cour d'Abigail, fille d'un aristocrate tombé en désuétude.
Nouvelle réalisation de Yórgos Lánthimos, essentiellement connu jusqu'ici pour The Lobster (2015), La Favorite commence plutôt bien. On s'amuse en faisant connaissance de la cour, de ses personnages hauts en couleur et de leurs distractions loufoques.
On comprend vite qu'Abigail, arrivée comme simple servante, a de la suite dans les idées et qu'elle compte bien saisir les opportunités qui se présenteront à elle.
Et si le déroulé des événements est plutôt prévisible, il n'en reste pas moins bien ficelé et surtout, porté par un trio Colman/Stone/Weisz impeccable.
Le problème de La Favorite tient surtout en deux points.
Le premier est que son histoire d'amour/trahison/vengeance a été déjà vu 1000 fois au cinéma.
Le second est son manque de rythme. Car passé le premier tiers du film, qui fonctionne plutôt bien, l'histoire s'enlise assez vite et ne ressortira que difficilement la tête de l'eau.
La Favorite, bien que basé sur des personnages et un contexte réels, n'est pas un véritable film historique. Il ne semble pas nécessaire d'avoir des connaissances poussées sur le sujet pour comprendre que le réalisateur a pris ses aises avec la réalité. Il aime d'ailleurs nous le rappeler en usant de dialogues pas vraiment d'époque et autres anachronismes plus ou moins subtiles.
La Favorite a tout de même des airs de film franchement misanthrope, à l'image de sa conclusion, qui en dit long sur ce que pense le réalisateur du genre humain et de ce qu'il est prêt à faire pour accéder (et s'accrocher) au pouvoir ou même simplement à une meilleure condition matérielle. Car si l'histoire prend place dans les hautes sphères du pouvoir politique, le message aurait très bien pu être transposé dans d'autres cadres ou d'autres époques.
Et si on ne remettra pas en cause cette vision assez tragique de Yórgos Lánthimos, on se dit en revanche, que son film aurait mérité d'être plus original, peut-être plus jusqu'au-boutiste pour que son propos soit vraiment percutant.