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Pataud, un peu ours, le cigare aux lèvres, Richard Wanley s'avance d'un pas goguenard en direction de son habituel club/fumoir. La mine familière d'Edward G. Robinson, qui s'était déjà prêtée à la petite frappe Rico Bandello dans Little Caesar, s'empreint d'un air serein à l'idée d'un doigt de Bourbon. Il a le regard gris du psychanalyste blasé ; au fond, d'un type sans histoire(s).

Mais au détour d'une devanture, la bouche en bouton de rose, l'oeil luisant d'Alice Reed le happent, dans l'instant sublime où se superposent le portrait et le reflet à la vitrine. Accidentellement, l'homicide aux ciseaux (repris ensuite par Curtiz et Hitchcock) les noue enfin acolytes dans la dissimulation.

La noirceur dans laquelle baigne chaque scène, l'aura fébrile de Joan Bennett, l'escalade des pressions au rythme saccadé des souffles courts acculent avec génie Wanley au pied du mur. Une maîtrise parfaite donc, et beaucoup d'idées en embuscade, lesquelles culminent à une telle terreur qu'elles laissent présager une fin en double fond de chapeau d'où, forcément, comme un arrière-goût de lait caillé.
goldie
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le 21 déc. 2010

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goldie

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