La Femme au tableau par pierrick_D_

Los Angeles,années 2000.Maria Altmann,vieille femme juive américaine d'origine autrichienne,se met en tête de récupérer un tableau de Gustav Klimt représentant sa tante Adele qui appartenait à sa famille avant d'être confisqué par les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale.Elle s'adjoint pour cela les services de Randy Schoenberg,petit-fils du célèbre compositeur Arnold Schönberg,l'inventeur de l'insupportable musique dodécaphonique.Randy est un avocat minable sans emploi,mais il est le fils d'une amie de Maria.Cet improbable duo entreprend donc une mission apparemment impossible:s'approprier cette toile qui,bien que particulièrement hideuse,est un des fleurons du Musée du Belvédère de Vienne.Ce monument de pleurniche mémorielle et d'esprit revanchard est tiré d'une histoire vraie,la providence des scénaristes en mal d'inspiration.Les histoires vraies ne sont pas forcément intéressantes,et celle-ci l'est fort peu.La dame arrivera-t-elle à avoir l'ignoble croûte?C'est palpitant et le suspense est à son comble.Le problème est que le film est horriblement mal foutu.Des flashbacks porteurs d'une reconstitution d'époque d'un académisme anesthésiant surgissent sans arrêt pour décrire avec une lourdeur lassante les méfaits des nazis.On sait tout ça depuis longtemps et il existe de bien meilleures oeuvres sur le sujet comme le "Shoah" de Claude Lanzmann ou,dans le genre évènements réels fictionnés,"La liste de Schindler" de Steven Spielberg,et beaucoup d'autres qui enterrent sans peine cette soporifique chasse au tableau.En parallèle,nous suivons donc les lassantes procédures à répétition qui aboutiront naturellement à la restitution des oeuvres réclamées.Ce qui ressort de tout ça,c'est l'obsession de tout le monde pour l'argent et la puissance de l'orgueil.Maria aurait-elle voulu récupérer cette toile si elle n'était signée Klimt?Quant à Randy,pas intéressé par l'affaire au début,il veut soudain s'en occuper lorsqu'il prend connaissance du prix délirant de l'oeuvre.Mais contrairement à ce qui se raconte parfois,la cupidité n'est pas l'apanage des juifs.Les autrichiens par exemple veulent absolument conserver le tableau,qui est un des atouts touristiques principaux du musée et donc de leur pays.Plus largement,le film induit involontairement une réflexion sur la folie de l'argent par le biais des scènes se déroulant dans les années 40.On réalise là que les juifs ne sont au fond pas persécutés parce qu'ils sont juifs mais parce qu'ils sont riches.Certes,les élucubrations des idéologues nazis fournissent un prétexte,mais la vraie raison de tout ça est la spoliation des biens.Si la populace adhère si facilement aux thèses allemandes,c'est par détestation des puissants.Evidemment,tous les juifs n'étaient pas riches,mais suffisamment l'étaient pour qu'ils soient considérés comme les symboles du capitalisme prédateur.De fait,la famille Bloch-Bauer vit dans un luxe qui peut être vu comme indécent par une population désargentée.Le moindre objet présent dans leur maison vaut des fortunes,sans doute des années de salaire d'un de leurs employés.Le nazisme,nonobstant ses absurdes théories raciales,n'était finalement qu'un énième avatar de la lutte des classes,ce en quoi il est le jumeau du communisme.Du reste,le parti nazi était à l'origine d'essence gauchiste.Dans national-socialisme,il y a socialisme.D'ailleurs,c'est l'histoire de toutes les révolutions,qui se soldent par le massacre des riches par les pauvres,sans que ça ne change rien au final.Une nouvelle oligarchie se met en place,celle des vainqueurs du jour,et les inégalités perdurent.Les scénaristes semblaient conscients de ce rapport obsessionnel à l'argent,car ils passent leur temps à le déminer en justifiant tous les comportements.Maria veut le tableau,mais elle ne veut pas en tirer de bénéfice matériel.Son but est de rendre justice à sa famille,une quête qu'elle reconnaîtra vaine.Une fois qu'elle aura remporté la victoire,ses parents auront toujours été volés et assassinés,sa peine sera la même et rien ne pourra changer ça.Randy est au départ guidé par l'appât du gain,mais il aura une illumination subite à Vienne en réalisant ce qu'on subi ses aïeux.Sa croisade,pour pécuniaire qu'elle soit,deviendra par conséquent tout à coup morale.La famille Bloch-Bauer est d'une richesse scandaleuse mais le père de Maria,au détour d'un dialogue,précisera que ses parents étaient pauvres en arrivant en Autriche et qu'ils avaient réussi par leur travail.Mais ça non plus ne change rien,ils ne sont plus pauvres et le bas peuple,qui ne vit qu'au présent,les considère comme les nababs qu'ils sont devenus.Les acteurs sont franchement mauvais,la palme revenant à un Ryan Reynolds qui,pour on ne sait quelle raison,a décidé de donner à son personnage l'apparence d'un neuneu.Helen Mirren est de ces actrices bizarrement starisées à l'ancienneté.Elle était formidable étant jeune,sans pour autant être reconnue à sa juste valeur,et maintenant qu'elle est vieille et adopte systématiquement un jeu crispant fait de minauderies stupides,on l'encense universellement.Daniel Brühl,complètement transparent,se charge d'alourdir la note progressiste du film en incarnant un journaliste autrichien révolté par le passé de son pays,car le pauvre biquet a été traumatisé en découvrant le passé nazi de son papa.