La femme du dimanche n’est sans doute pas un des plus grands Comencini, ce qui ne l’empêche pas d’être extrêmement intéressant à plus d’un titre, notamment du fait de sa nature hétéroclite, ce qui lui a pourtant été souvent reproché. Le film se présente comme une enquête policière où il s’agit de découvrir qui a tué un architecte odieux en lui fracassant le crâne avec un phallus de pierre, arme bien choisie puisqu’il était de surcroît obsédé sexuel. Cette enquête est surtout l’occasion de dresser un portrait au vitriol de la grande bourgeoisie turinoise dont la prétention n’a d’égale que la profonde vacuité comme en témoigne les continuelles discussions sur la manière dont il faut prononcer les noms d’origine américaine. À cela s’ajoute le mépris du peuple, les affaires crapuleuses, la tendance à considérer les fonctionnaires de la police comme de vulgaires domestiques, l’adultère comme passe-temps pour tromper l’ennui, l’homosexualité honteuse (excellente composition de Jean-Louis Trintignant sur ce point). Le film n’en a pas moins un petit côté « giallo ». Il sort en 1975, une année particulièrement riche sur ce point avec, notamment Profondo Rosso de Dario Argento. Les gialli comportent d’ailleurs très souvent une critique virulente de la grande bourgeoisie. Toute la manière dont Lello (Aldo Reggiani) mène sa propre enquête, en parallèle avec celle de la police, et la manière dont il est assassiné, ainsi que la personnalité de l’assassin, sont incontestablement empruntés au genre et Lina (Ines Tabusso) semble tout droit sortie d’un film de Dario Argento et ce, à tel point, que je me demande si la petite Fiat 500, omniprésente dans le film, n’est pas un clin d’œil à celle de Profondo Rosso. Le film se trouve dans une excellente copie chez l’éditeur Tamasa, disponible à la médiathèque de la Manufacture pour les nancéiens.