Quatre ans après Frankenstein, James Whale reprend ses personnages (presque) là où ils étaient et imagine une suite. C'est la première, et - malheureusement - pas la dernière.
Et pour ce faire, il retourne à la source : Mary Woolstonecraft Shelley, l'auteure originale.
Mary Shelley (Elsa Lanchester) raconte à son mari et leur ami Lord Byron la suite des aventures du célèbres docteur et de sa créature.
Nous les retrouvons au moment où le moulin a brûlé et Frankenstein est ramené chez lui, inconscient. Et le monstre ? La dernière fois, il était écrasé par une poutre enflammée... Mais il en a réchappé : le plancher s'est effondré et en dessous, de l'eau a préservé la créature...
Ouf. On peut commencer une nouvelle histoire !
Pas si nouvelle que ça, car finalement, il est toujours question de créer la vie.
Cette fois-ci, c'est le docteur Pretorius (Ernest Thesiger), un ex-professeur de philosophie qui a enseigné Henry, qui vient relancer notre savant préféré. Ce professeur peu recommandable a poussé ses expériences jusqu'à créer des personnages hauts de trente centimètres, qui pourraient annoncer Les Poupées du diable de Tod Browning, l'année suivante...
Mais Frankenstein n'est pas d'accord, alors ce mauvais professeur va le menacer pour arriver à ses fins, s'en prenant à celle qui fut sa première fiancée : Mme Elizabeth Frankenstein (Valerie Hobson).
Et le monstre (Boris Karloff), dans tout ça ?
Le monstre vit sa vie, fuyant les humains.
Scène charnière : il entend un ermite aveugle jouer du violon et s'approche, charmé par la musique. Le vieil homme l'accueille et le traite en ami, lui apprenant le langage et les manières. Mais bien entendu, ce répit est de courte durée, deux villageois perdus interviennent, et débusquent le monstre qui s'enfuit.
[Notons au passage que l'un des villageois n'est autre que John Carradine. Il faut dire que ce film regorge de second rôles plus ou moins célèbres. En plus de John Carradine, on peut reconnaître - entre autres - Walter Brennan et aussi (pour les initiés) John George qui fut le partenaire de Lon Chaney dans L'Inconnu.]
Donc le monstre est maintenant doué de parole, voire d'esprit. La fréquentation de l'aveugle l'humanise : deux fois, on le verra pleurer.
Et cette humanisation est pertinente. Elle explique la fin. Celle qui est devenue heureuse...


Reste la fiancée. A moins que ce soient LES fiancées, puisque Frankenstein est fiancé à Elizabeth.
Mais non. La fiancée, c'est celle qu'on voit sur l'affiche, celle qui sera créée - sous la contrainte - par Henry et qui n'aura d'yeux que pour lui.
Et quelle fiancée ! Elle non plus n'a pas de nom au générique (comme Boris Karloff dans le premier opus). Mais il ne faut pas être très physionomiste pour la reconnaître (je vous laisse trouver).
Comme le monstre, elle est couturée. Comme lui, elle est hagarde et peu assurée dans ses déplacements. Et comme lui, elle ne fait que geindre pour s'exprimer. Elle fut créée pour tenir compagnie au monstre. Mais le résultat de la confrontation est prévisible, et bien entendu, inévitable... Là encore, je vous laisse (re)découvrir.
Et pourtant, ils étaient faits l'un pour l'autre !
Malgré tout, cette nouvelle créature est fascinante. Est-ce son aspect ? Sa coiffure ? Un peu des deux ? Là encore, il s'agit d'un personnage inoubliable, qui n'apparaît que dans les cinq dernières minutes !


N'oublions pas enfin Minnie (Una O'Connor), servante d'Elizabeth, qui a un rôle plutôt comique dans un film qui ne l'est pas beaucoup. Elle a le verbe facile et s'excite d'un rien. Elle sera la dame de compagnie de Lady Marianne dans le Robin des Bois de Curtiz, et surtout, servira de modèle à Frau Blücher (hennissements) dans le Frankenstein Junior de Mel Brooks.


Mais là aussi, c'est une autre histoire.

JihesseJi
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le 21 sept. 2016

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Jihesse Ji

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