Lise a 18 ans, elle se trouve sur le banc des accusés de la cour d'assises. Elle est accusée du meurtre de sa meilleure amie Flora qui a le même âge qu'elle. Elle sera acquittée puis délivrée de son bracelet électronique qui avait permis de mettre fin à une période de détention provisoire en l'assignant à résidence au domicile de ses parents. La scène finale du film montre Lise qui quitte le tribunal après avoir remplacé le bracelet de surveillance par un autre bracelet fait de la chaînette en or qu'elle portait autour de son cou.


La fille au bracelet est une histoire qui se passe à huis clos. Huis clos du domicile familial avant celui de la salle d'audience. Lise dit son innocence, mais ne la clame pas. Elle est distante, parfois mutique ; nous sentons sa douleur, sa détresse même. Elle se tient droite et ne se dérobe pas, elle fait face, mais ne se révolte pas même quand le ministère public élève la voix et force le ton.


Les parents de Lise, très sobrement interprétés par Roschdy Zem et Chiara Mastroianni, sont les points d'appui parfois fragilisés de leur fille dont ils découvrent qu'elle n'est plus une enfant mais une jeune adulte qui a sa vie intime et ses secrets.


Nous ne saurons pas qui a donné la mort à Flora, le doute est permis ; il est toujours permis aussi longtemps que le coupable n'est pas découvert mais surtout que sa culpabilité n'est pas indiscutablement prouvée. L'audience a porté à notre connaissance les éléments rassemblés par les témoignages et les expertises mais sans faire de nous des jurés d'assises et le réalisateur a veillé avec soin qu'à aucun moment nous ne soyons amenés à nous identifier au jury.


La fille au bracelet nous fait partager autant le désarroi de la jeune fille que celui de ses parents et de la mère de la victime, il nous aide à toucher du doigt les difficultés que peuvent rencontrer les jurés d'assises mais également le président d'une telle cour quand il essaie de mobiliser dans la sérénité toutes les paroles pour faire la lumière sur les faits.


Le film est également un moment d'éducation civique où le spectateur peut imaginer un instant être sur le banc du public d'une vraie session d'assises. J'ai aimé ce film pour cela également, en me disant qu'il touchera un public plus vaste qu'un vrai procès. Il est toujours utile de rappeler le rôle de chacun et de montrer que, quelles que soient la douleur et la colère légitime qui en naît, c'est à l'institution judiciaire et à elle seule qu'appartient le droit de punir.


La fille au bracelet est un éloge de la sobriété. Sobriété dans la douleur, sobriété dans la détresse, sobriété dans la tendresse, sobriété dans le débat contradictoire, sobriété dans l'intransigeance et la férocité de la réquisition, sobriété dans les mots, sobriété dans les images.

Freddy-Klein
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le 12 févr. 2020

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