Faites entrer l'accusée

Après avoir fait ses premières armes à travers plusieurs courts-métrages et autres documentaires, Stéphane Demoustier nous propose son troisième long-métrage avec La Fille au Bracelet, adaptation libre du film argentin Acusada réalisé par Gonzalo Tobal sorti en 2018.

La Fille au Bracelet (électronique), c'est Lise, arrêtée par la police alors qu'elle passe un moment en famille, au bord de l'océan Atlantique. "Embarquée" sans qu'elle oppose aucune résistance, ni sans même manifester de surprise. Âgée d'à peine 17 ans, cette belle jeune femme se voit accusée du meurtre de sa meilleure amie, intervenu à l'issue d'une fête organisée chez cette dernière.

Le film nous transporte ensuite un peu plus tard, alors que Lise est devenue majeure et que l'heure de son procès est arrivée.
Bien qu'il y ait un certain nombre de scènes intermédiaires qui se tiennent à l'extérieur du tribunal, le film prend essentiellement place dans la salle d'audience, et s'apparente, à ce titre, à un semi huis clos.
Ainsi, on suit les différentes étapes du procès: les débats, l'intervention des experts, l'audition des témoins, les plaidoiries...avant la délibération du jury.
Ce déroulé place le spectateur dans la position des jurés. On assiste aux débats sans connaitre le fin mot de l'histoire (aucune scène ou explication ne venant nous renseigner sur la culpabilité ou non de Lise) et on se fera sa propre conviction à la fin du film, sachant évidemment, que l'affaire est peut-être plus complexe qu'il n'y parait de prime abord. On comprend donc d'autant plus la difficulté du rôle de juré et l'importance des échanges préliminaires.

Au-delà de l'aspect central du film que sont l'enquête et la culpabilité éventuelle de Lise, La Fille au Bracelet aborde également d'autres sujets, comme les conséquences d'un tel procès pour les proches, auxquels on pense rarement dans pareilles circonstances: l'accompagnement de l'accusé, les doutes qui s'immiscent, les difficultés à mener une vie normale durant cette période...
Il interroge également beaucoup sur le fossé entre les générations: des adultes qui se retrouvent face à un monde -celui des adolescents- qu'ils ne comprennent pas et dont ils ignorent presque tout des codes et des mœurs.

Niveau casting, Roschdy Zem s'avère convaincant en père de famille solide mais au bord de la rupture, tout comme Anaïs Demoustier (la sœur de réal' vous l'aurez compris), toujours aussi belle mais impitoyable dans le rôle d'une avocate générale pour le moins incisive. Même remarque pour Annie Mercier, l'avocate de Lise, qui dégage une force tranquille qu'on imagine rassurante lorsque c'est vous qu'elle défend.
Melissa Guers, dans le rôle principal, s'avère en revanche un brin moins convaincante. Si la complexité de son personnage demeure bien retranscrite, la performance globale ne restera pas dans les annales. Certains rôles secondaires sont aussi relativement décevants à l'image du petit frère ou de certains intervenants.

La Fille au Bracelet est un film assez captivant pour qui se passionne pour les faits divers. S'il supportera probablement assez mal les revisionnages, il a cependant le mérite de tenir en haleine jusqu'au bout.
Bien réalisé mais néanmoins interprété de manière inégale, le film de Stéphane Demoustier reste une assez belle réussite. On suivra avec un certain intérêt, ces prochaines productions.