1. Les circonstances / 2. Les conséquences
Par Jean-Philippe Tessé
On se souvient de ce fait divers surréaliste qui transperça la torpeur d'un été national : une jeune femme assurait avoir été victime d'une agression antisémite d'une violence inouïe (lacération au couteau, croix gammées dessinées sur tout le corps) dans un RER, c'est-à-dire à la vue de tous. La machine s'emballa, comme on dit, et sans même se préoccuper de la véracité des faits, chacun entonna son couplet horrifié, avant que soit établi qu'il ne s'agissait que d'un mensonge. Une mythomane récidiviste avait raconté des salades, tout le monde y avait cru : cet empressement-là était bien sûr le symptôme inquiétant d'une fièvre autour de la question de l'antisémitisme. L'agression du RER n'avait pas eu lieu, mais elle attestait, par son irréalité même, la réalité d'un problème (il est à ce titre frappant, et même terrifiant, de constater que le débat intellectuel en France aujourd'hui se résume pour une bonne partie à des accusations d'antisémitisme, à quoi répondent des démentis recouvrant de nouvelles accusations, sur le mode « c'est çui qui l'dit qui y est »). De ce fait divers incroyable, André Téchiné a tiré un film. Tiré, c'est bien le mot : Téchiné ne traite pas de cette histoire comme le ferait un documentaire ou un film-dossier, il la pose au milieu du métrage, comme une coupure entre les deux parties du film : 1. Les circonstances / 2. Les conséquences. (...)
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