Mon appréciation générale de ce film oscarisé à 4 reprises est assez bonne car j'ai été agréablement surprise. Je suis étonnée de l'originalité de la réalisation car j'ai été plongée dans un univers mêlant plusieurs éléments que je n'avais pas encore vu réunis.


Je trouve qu'Eliza Esposito jouée par Sally Hawkins a jeu expressif et prenant, on ressent les émotions à travers elle sans même qu'elle parle. J'ai trouvé la scène dans laquelle elle chante très puissante car c'est LE moment auquel elle aimerait tant dire à l'Amphibian man à quel point elle l'aime, alors elle rêve d'être cette chanteuse qu'elle a vu à la télé qui peut exprimer son amour librement.


Ce silence commun les rapproche en tant "qu'infirmes" dans une société parlante, mais il les éloignent parfois, et c'est selon moi ce qui empêche (et heureusement) le début du film d'être trop évident lorsqu'ils se rencontrent, et cela empêche aussi la fin du film d'être trop plan-plan : on évite les dialogues mielleux et édulcorés pour laisser place aux sentiments purs, ceux qui se passent de mots.
Cette absence de mots permet de laisser libre cours à notre imagination : on projette leurs pensées à tout instant, et ce travail que l'on doit fournir en tant que spectateurs nous invite à prendre part à l'histoire, et ainsi, à s'identifier beaucoup plus facilement à ces personnages à la fois si éloignés de nous via leurs singularités, mais aussi proches de nous dans nos états de souffrance ou de joie extrême, lorsque les mots ne suffisent plus.


Quand à l'Amphibian man, j'ai trouvé le costume très réussi. Cette forme humaine dont le revêtement écailleux garde le tracé de certains muscles humains constitue une figure que l'on peut apparenter à "la bête". Il est d'abord perçue comme un danger, une chose sauvage et meurtrière. Mais très vite, on découvre sa capacité à ressentir l'empathie et même l'amour, il devient l'être vulnérable qu'il faut sauver, de qui adoucit fortement ses traits et nous permet de s'y attacher. (on retrouve ce type de personnage dans beaucoup de films fantastiques tel que Harry Potter, E.T (scènes similaires lorsque qu'il s'agit de cacher la bête dans une espèce de chariot), ...


Concernant Strickland interprété par Michael Shannon, on peut l'apparenter grossièrement à la figure du "méchant" dans le sens où il va à l'encontre de l'aspect moral. Mais au fond, il apparaît surtout comme un pauvre homme ayant suivit les standards de la société américaine de cette époque, si bien qu'il en a perdu son humilité et son cœur. Il est devenu un pervers narcissique, misogyne, égocentrique, qui est simplement pourri de l'intérieur, métaphore illustrée par ses deux doigts devenant noirs et purulents au fur et à mesure qu'il perd sa crédibilité.


J'ai adoré les décors qui m'ont fait penser aux Animaux fantastiques de David Yates : une ambiance sombres et magiques, dans laquelle tout est possible.


Les plans sont typiques d'un film fantastique (ils m'ont presque fait penser à Pushing Daisies), avec des fondus enchaînés basés sur l'eau : éléments guide du film.


En conclusion, La forme de l'eau est selon moi un bon film fantastique, qui montre l'amour sous un angle hors du commun : deux personnes très en marge de la société, confrontées à des enjeux typiques d'un film fantastique : un méchant allant à l'encontre du happy-end (on reste cependant dans une structure assez banale ..).


Petite Big Fan Theory : il est dit d'Eliza fut retrouvée près d'un ruisseau avant d'être recueillie dans un orphelinat, et elle a ces 3 griffures dans le cou qui lui ont ôté la voix. Il est possible que ces griffures ont été faites par un être de l'espèce de l'Amphibian man lorsqu'elle était bébé près du ruisseau, et que son destin était voué à le retrouver une fois adulte.


Cela expliquerait que ces griffures se transforment en branchies à la scène de fin.

ManonJaillet
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le 11 mars 2018

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Manon Jaillet

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