Amateur de Guillermo Del Toro, un des cinéastes contemporains les plus talentueux en termes visuels et narratifs, je dois avouer que son Shape of Water ne m'a pas procuré l'effet escompté, plutôt un agréable divertissement qu'un film profondément touchant comme a pu l'être L’Échine du Diable ou Le Labyrinthe de Pan.
En effet, j'ai été surpris par la simplicité scénaristique du film qui reste tout de même magnifique audio-visuellement parlant. Il s'agit donc avant tout d'une fable saupoudrée de la vision ambivalente de son réalisateur, qui parvient toujours à faire émerger une violence froide et clinique au sein d’œuvres fantastiques et poétiques. C'est bien ce paramètre qui marque la signature du cinéaste mexicain et ce pourquoi je l’apprécie tant.
Malheureusement, là où cet élément permettait à ses précédents films d'atteindre une certaine profondeur et de s'ériger au rang d'oeuvre filmiques majeures, il agit là en temps que piqûre de rappel, nous tapotant l'épaule ça et là pour maintenir une certaine attention mais n'allant pas vraiment plus loin que l'expression de l'identité de son auteur.
Bien sûr, et c'est là ou Guillermo Del Toro est fort, cette violence sert aussi le propos et nourrit l'enjeu dramatique en cassant le côté monodimensionnel de ses personnages. La violence n'est donc pas son seul outil, il y ajoute également une tension sexuelle prégnante qui nous ramène toujours dans une réalité froide et violente en contraste avec le merveilleux du conte.
The Shape of Water est donc un joli mode d'emploi de la cinématographie de Guillermo Del Toro, la raison sans doute de son triomphe aux oscars, mais ne constitue en aucun cas son chef d'oeuvre qui reste encore, selon moi, Le Labyrinthe de Pan.
A voir.