Une oeuvre plus légère que cette Forteresse cachée.
Mais une fois n’est pas coutume, un rôle de femme qui change la donne habituelle chez le cinéaste.
La peu commode Yuki (Misa Uehara) jeune princesse en fuite, qui cherchera à rallier un clan ami tout en transportant son trésor pour la reconstruction de son clan vaincu. Aidée de Rokubura (Toshiro Mifune) et deux lascars récupérés en route, l’intrigue s’attache à ses personnages, joue des caractères et du mouvement constant des protagonistes. Hormis un duel suffisamment long et chorégraphié, et une course poursuite à cheval, peu d’action mais toujours du rythme grâce à un montage dynamique du metteur en scène. Ces déplacements seront l’occasion de vérifier la maîtrise du cinéaste sur la mise en valeur des paysages et des décors naturels, son attachement aux éléments, pluie et brouillard ne sont pas oubliés pour une ambiance plutôt contemplative.
Dans ce japon féodal du XVIème sicèle, Kurasawa profite de ce périple aux frontières, de cette balade presque bucolique, pour dénoncer mais faire aussi se rapprocher des êtres que tout éloigne et où chacun finira grâce à l’autre par se grandir.


Nos héros devront ruser sans cesse pour échapper à leurs poursuivants et à nous d’apprécier pleinement tous les subterfuges de Rokubura qui n’est guère aidé de ses deux acolytes, assez fourbes, toujours à même de faire capoter les plans, mais qui préféreront toutefois le danger et la compagnie du général Rokubura , au flou de leur avenir...
L’humour rappelle à certaines scènes de Musa, la princesse du désert de Kim Sung-Soo où il était également question d’une princesse peu amène et de fuite en avant. On pense aussi au film Le bon la brute et le cinglé de Kim jee Woon pour ces situations rocambolesques du duo à la recherche du trésor.Le film reste sur un ton comique assez éloigné finalement des travaux de Kurosawa sans que ses thèmes ne soient occultés. On y retrouve la violence des échanges, avec les conflits qui opposent les clans, la dénonciation de la vie de misère des paysans mais aussi la cupidité et l’honneur et un Toshiro Mifune encore impeccable en samouraï décidé et impitoyable tout autant que fidèle, traversant l’adversité avec talent.
Quelques scènes marquantes à l’image de la danse du feu, d’une grande énergie, une émeute en première partie, pour une multitude de figurants survoltés, qui si il nous signifie le film d’aventure épique auquel on aura droit, le contexte sociétal est posé. Des jeux d’acteurs théâtraux jouant à l’excès de leurs grands gestes, plans longs et serrés sur leurs expressions, et même si le duo, Tahei et Matashichi, et leurs disputes incessantes est redondant et pas toujours heureux, l’ensemble finalement offre un grand moment cinématographique, un mélange de tons réussi, sans oublier la musique de Masaru Satō, avec des sonorités puissantes de tambour. Une réflexion sur l’homme et son époque, où l’humanisme du réalisateur ne fait pas défaut et où le final optimiste, nous charmera définitivement.

limma
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le 21 juil. 2018

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