La Fracture du myocarde par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Martin est un jeune collégien vivant en province, élevé uniquement par sa mère et fréquentant une classe de cinquième. Depuis quelques jours les camarades du jeune garçon remarquent son comportement bizarre et inhabituel. Il s'isole, semble soucieux et introverti. Deux de ses meilleurs copains, de plus en plus intrigués, décident de percer ce mystère en filant Martin. A leur grande surprise ils découvrent le terrible secret que cache le jeune garçon: sa mère est décédée d'une "fracture du myocarde" et Martin ne peut avouer ce drame de peur d'être confié à l'"Assistance Publique". Devant cette terrible situation, il va trouver une complicité avec certains enfants de sa classe. Ensemble ils vont monter un stratagème afin de tromper les adultes et l'administration, tentant de détourner les soupçons qui s'amoncellent contre le jeune garçon.


Ce film sympathique de Jacques Fansten nous offre un sujet original car cette œuvre a le grand mérite de traiter de la réaction d'un enfant confronté à une pénible réalité. Martin élevé uniquement par sa mère se retrouve, à la mort de celle-ci, plongé dans un dilemme insoutenable: d'un côté rester au milieu de son environnement de copains et de liberté et de l'autre la "Ddass" signifiant l'isolement, la prison et la perte totale de ses repères.


C'est alors que cet évènement inattendu provoque chez l'enfant une rapide évolution dans la maturité de Martin. Il passe brusquement de l'enfance à l'adolescence en prenant des responsabilités insoupçonnées.Il devra prendre de graves décisions, son comportement va changer mais, grâce à la solidarité de ses camarades, un miracle va s'accomplir .Ceux-ci vont user de toutes les astuces possibles et inimaginables pour cacher la terrible vérité. Cela amène des scènes parfois truculentes mais aussi très émouvantes comme l'enterrement de la maman de Martin.


Ce genre étude psychologique est rarement traitée au cinéma et l'expérience est intéressante même si elle souffre parfois de maladresse et d'une certaine lourdeur.


En fait, j'ai décidé de vous présenter ce film pour trois raisons. La première est relative au sujet de cette histoire émouvante grâce en grande partie au naturel des enfants, la seconde parce que ce film mérite nettement mieux qu'un succès relativement confidentiel et la troisième vient du fait qu'il m'a été entendu dire que le film avait été tourné dans un collège de ma ville: "La Ferté Bernard" et ça, c'est pour le chauvinisme.
C'est vrai que cette réalisation de Jacques Franstein est quelque peu larmoyante car elle souffre parfois d'une certaine lourdeur dans le traitement de quelques scènes. C'est vrai aussi que l'on se trouve transporté beaucoup plus dans le domaine de la fable que de la fiction en raison de scènes quelque peu invraisemblables mais toujours émouvantes malgré tout. Ici le cinéaste en jouant sur l'échiquier de l'émotion teintée d'aventures a laissé la part belle aux jeunes acteurs amateurs qui jouent le jeu à fond, le réalisateur les dirigeant avec beaucoup de doigté et de tendresse. A l'inverse, les partitions laissées aux acteurs adultes sont un peu trop caricaturales et de plus une certaine rigidité dans leurs personnages nuit à la sincérité du sujet. Néanmoins je tiens à signaler la performance plus qu'honorable du petit (à l'époque) Sylvain Copans dans le rôle d'un Martin en proie aux affres de sa vie future.


Je vous conseille vivement de voir ce film car il reste attachant, rempli de bons sentiments, d'amour et de fraternité. Les mentalités et la vie de la province sont assez bien abordées et le climat parfois morbide relatif à la naïveté des enfants en fait une œuvre tout à fait à part qu'il serait dommage de négliger. Si vraiment vous en avez l'occasion, faites les curieux et allez voir ce film attachant, vous ne perdrez pas votre soirée et peut-être en sortirez-vous un peu bouleversé.

Créée

le 17 janv. 2014

Modifiée

le 30 mars 2013

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