L'un des grands classiques de la comédie de Billy Wilder et de son acteur fétiche Jack Lemmon, le duo obtenant 5 oscars après avoir raté la récompense l'année précédente pour "Some Like it Hot".
Belle revanche donc pour les deux compères, notamment pour Wilder qui nous offre une comédie teintée de mélodrame, et férocement satirique à l'encontre des milieux d'affaires, machistes et tyranniques, métaphore des classes dirigeantes dans leur ensemble, par opposition au candide Buddy (Brin d'amour en VF), citoyen honnête et loyal, quoique naïf et soucieux d'ascension sociale...
Ce monsieur tout le monde est incarné avec justesse et brio par un Jack Lemmon plus vrai que nature, capable en un seul regard ou une simple mimique d'exprimer la peine ou la joie la plus profonde.
Buddy est confronté à son supérieur l'infâme Sheldrake, rôle dans lequel excelle Fred MacMurray, qui retrouve Wilder quinze ans après "Double Indemnity", pour obtenir les faveurs de la délicate Shirley MacLaine, liftière dans la même compagnie.
"The Appartment" repose beaucoup sur l'interprétation de ce trio, valorisée par la mise en scène élégante et inventive du réalisateur.
En revanche, on pourra déplorer quelques longueurs, quelques situations redondantes, et constater la psychologie amoureuse franchement désuète des protagonistes, en particulier le personnage de Shirley MacLaine. Ce qui peut difficilement être considéré comme un défaut, tant Wilder semble saisir avec acuité les mœurs de son époque, mais constitue un léger frein à l'identification pour le spectateur contemporain.
De fait, j'ai eu du mal à voir dans "The Appartment" l'immense chef d'œuvre salué par une majorité de cinéphiles.