Vu en version française (merde, pas de vost sur France 5 : ils ont pas honte?!), un peu par hasard, j’ai pu cependant apprécier. Ces voix françaises d’antan me sont familières. Quand j’étais môme, tous les films populaires étaient doublés à la télé. Et à vrai dire, cela faisait tellement longtemps que je ne l’avais revu que je me demande même si je l’ai déjà vu en version originale. Je parierais que non. J’ai même oublié la majeure partie du film, jusqu'aux différents dénouements que connaissent tous les personnages.


J’ai été très étonné de ne pas ressentir de lassitude devant la longueur du film, d’autant plus qu’il évolue sur un rythme pas spécialement enlevé, mais le scénario est suffisamment touffu et vivant pour ne pas ennuyer. C’est bien ce qui fait la force de ce film, sa magistrale mise en place des éléments et l’habileté à en dérouler le fil sans heurt ni ennui. Rien d’étonnant avec John Sturges aux manettes. Il est passé maître dans cet art d’équilibriste à raconter ses histoires avec une fluidité remarquable et une efficacité continue : grand cinéaste en somme.


Bien entendu le traitement édulcoré de l’histoire propre à ce que les studios pouvaient se permettre à l’époque pour ne pas trop heurter la sensibilité apparaît aujourd’hui un brin vieillot : on se rit de la facilité avec laquelle les prisonniers organisent leurs projets d’évasion sous l’oeil naïf des allemands. Mais je suppose que cela participe du choc final quand les SS prennent les choses en main. Il est semble-t-il nécessaire de limiter les responsabilités de la Luftwaffe dans la gestion barbare des prisonniers de guerre.


Sur son rythme faussement nonchalant, le film présente le portrait d’une armée d’alliés anglo-américains courageux, ne renonçant jamais et allant au-delà de leurs peurs pour s’échapper et continuer la guerre. Le spectateur est donc ravi par la flopée des personnages qui lui est proposée. Le défilé des comédiens impressionné encore de nos jours.


Steve McQueen évidemment fait étalage de sa grâce, de son naturel, de cette aisance féline qui reste fascinante. Indéniablement, il a le beau rôle, ou du moins il fait ce qu’il faut pour imprégner sa marque sur chacune de ses apparitions à l’écran, grandiose! Y a des types, comme lui, qui sans rien faire prennent la lumière, captent l’attention. McQueen prouve ici qu’il est de ceux-là.


Un long film qui parvient à se laisser regarder sans ennui, c’est déjà un bel exploit, mais en plus, il se permet d’avoir une belle distribution ; un spectacle qui a marqué son temps et qui peut encore toucher juste.


http://alligatographe.blogspot.fr/2016/06/great-escape-sturges-mcqueen.html

Alligator
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le 22 juin 2016

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