La Grande Guerre ou comment deux soldats italien, subissant la Guerre, vont tenter par des petites combines de survivre chaque fois au moins un jour de plus.


Tourné sous forme de tragi-comédie, La Grande Guerre permet à Mario Monicelli de critiquer l'absurdité de la Guerre ainsi que de montrer ceux qui en souffrent vraiment. Il n'hésite pas à mettre les deux protagonistes dans des situations absurdes, des décisions idiotes de commandants qui n'ont aucune idée de ce qu'il se passe sur le terrain. Il répond à cela avec les décisions des protagonistes qui imagineront toutes sortes de plans pour s'en échapper, eux aussi parfois absurdes.


Ce qui ressort du visionnage de La Grande Guerre, c'est la qualité d'écriture mêlée à celles des comédiens pour la sublimer. Chaque situation est bien imaginée, chaque dialogue fait mouche et Alberto Sordi et le fanfaron Vittorio Gassman (bien entourés par de très bons seconds rôles, dont Bernard Blier qui commence sa carrière italienne) trouvent le ton juste entre exagération, dépit et débrouillardise. Monicelli sublime tout cela en trouvant le bon rythme, un enchaînement fluide entre les séquences et il parvient à faire un film cohérent et non une succession de scènes montrant et/ou rigolant de l’absurdité de la Guerre.


Il montre bien que l'Homme ne représente pas plus que de la chair à canon, et si parfois, ils acceptent ce sort, il met en scène deux protagonistes qui ne cherchent qu'à s'adapter et survivre. Si la comédie est présente, il la mêle avec le courant du néoréalisme italien, et cela fonctionne à merveille, c'est à la fois drôle et pathétique, et ça ne tombe jamais dans la démagogie ou la caricature. L'émotion est en effet bien présente dans les moments dramatiques et, d'un bout à l'autre, La Grande Guerre ne laisse jamais indifférent.


L'une des forces de La Grande Guerre, c'est l'existence des seconds rôles, qui parviennent à trouver un véritable intérêt au côté des protagonistes, à l'image de la prostituée, du lieutenant Gallina ou de certains camarades de Guerre. Il y a une forme d'humanité en chacun d'eux et dans l'ensemble du film. Mario Monicelli sublime aussi de remarquables décors, sachant nous emmener dans les villages ou sur les champs de bataille.


Insufflant de la commedia dell'arte dans sa vision de La Grande Guerre, Mario Monicelli joue avec plusieurs codes cinématographiques pour livrer une œuvre géniale et atypique, dénonçant l'absurdité de la Guerre de manière drôle, tragique et terriblement humaine, bien aidé par deux immenses comédiens.

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le 24 janv. 2022

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Docteur_Jivago

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