Après les grands « Hero » et « Le Secret des Poignards Volants », Yimou Zhang revient dicter sa poésie de la culture guerrière, sous des airs d’ouverture d’esprit et plus loin encore. Hélas, le résultat est à déplorer sur de nombreux points quand le monstre qu’est Hollywood influence cette jeune fleur, à peine sortie de son territoire.


Plus qu’un film, « La Grande Muraille » est un projet. Une coopération sino-américaine qui souligne un effort de cadrage afin de toucher le public des deux continents. On comprendra les débats qui suscite cette superproduction, mais le fond est à revoir. Ce qu’on lui reproche ne provient pas directement de la réalisation, mais donc de la production.


Le plus célèbre réalisateur chinois derrière la caméra n’est pas une surprise, tout autant que cette dernière œuvre qui se perd dans une fainéantise scénaristique et une mise en scène trop clichée. Le casting est à double tranchant quand on sent l’équilibre des apparitions, mais le manque de pertinence des dialogues peut étouffer cette observation. William Garin (Matt Damon) s’installe dans la suffisance d’une personnalité ouverte et donc trop prévisible.


Cela dit, le mélange de culture est appréciable, mais manque encore cruellement de forme. Nous sommes conscients de ce que cela représente, mais les protagonistes chinois, à commencer par la courageuse Commandant Lin Mae (Jing Tian), reste monolithiques.


Au final, la garantie ici reste l’expérience visuelle que Zhang sait doser avec justesse. Il l’a prouvé dans le passé avec « Hero » et « Le Secret des Poignards Volants ». L’ingéniosité est dans la reconstitution de cet affrontement surhumain de l’homme contre son pêcher. On le transcrit par des créatures féroces, basées sur le dragon de komodo et l’Alien de Cameron. Côté de la muraille, on s’y attarde suffisamment pour établir les notions de disciplines et de devoir. Mais au cœur de cette grande armée, le terme d’unification est un appel trompeur. Les couleurs jouent sur la distinction de chacun fonctions qui procèdent malheureusement peut dans la collaboration. Chacun reste à sa place sans broncher. L’arrivée des hommes blancs marque alors le début d’une histoire riche en action, mais ne s’accroche pas toujours à la philosophie d’origine qu’est l’union, ou bien on l’interprète assez mal. On passera donc outre le scénario qui tend à nous amener vers ces moments de triomphe et de mauvaise propagande.


C’est donc en piétinant sur les bords que le film s’en sort tout de même avec une direction artistique irréprochable. De plus, la partition de Ramin Djawadi aura de quoi nous tenir attentif, nous rappelant par la même occasion que le mixage illustre le parfait élan de négociation entre les studios.

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le 9 juin 2017

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