Devant des conditions de travail insupportables et inacceptables, des ouvriers mal payés entament une révolte face aux patronats mais vont vite faire face à l'impitoyable violence de ces derniers pour éviter la grève et calmer les ouvriers...

Tourné en 1924, cette première oeuvre de Sergueï Eisenstein met en scène les prémices de la révolution russe via la lutte des classes selon Marx qui verra le prolétariat se révolter contre l'ordre établi au temps des tsars. Il met bien en avant les injustices et la précarité que doivent endurer les ouvriers avant de, peu à peu, entrer dans un cycle violent qui les verront subir diverses répressions.

Eisenstein place cet affrontement au cœur du film et met en avant l'union des travailleurs qui va prendre de plus en plus d'ampleur et d'importance, tout comme la réaction des patrons et des forces de l'ordre. Alors, le film ne brille pas forcément par sa subtilité (les patrons gros, fumant des cigares assis dans un fauteuil face à des ouvriers sales et mal habillés) et l'ensemble est assez démonstratif mais c'est aussi ce qui fait sa force, à savoir cette puissance qu'Eisenstein donne à son film et l'incitation à se révolter face à la terreur et l'ordre établi. Il livre, certes un message de propagande, mais aussi un message d'espoir pour les masses et incite à ne surtout pas se laisser marcher dessus par la machine capitaliste capable de transformer n'importe quel homme en animal.

Derrière la caméra, Eisenstein montre, dès ce premier film, tout son savoir-faire, le montage est efficace et ingénieux, les images s’enchaînent avec fluidité, mettant bien en avant les propos du film et les divers symboles (plus ou moins maladroit mais les parallèles entre le traitement des ouvriers et l'abattoir sont assez marquants, tout comme l'engraissement du patronat) D'ailleurs, plusieurs séquences démontrent la force du film à l'image des scènes en usine ou des regroupements d'ouvriers, se mobilisant et réunissant leurs forces. Eisenstein se montre aussi brillant dans sa manière d'inclure de la tension et de la puissance à son récit, ainsi que dans son utilisation du noir et blanc.

Un film fondateur qui n'a rien perdu de sa puissance, ni de la force de son propos malgré le côté propagande un peu trop démonstratif. Une oeuvre rappelant aussi "Germinal" de Zola, prenant parti pour l'union des ouvriers et la façon dont ils étaient traités.

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le 23 févr. 2015

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Docteur_Jivago

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