1977, l'année où tout re-bascule à Hollywood...
Les plus gros succès du box-office US cette année-là seront Close Encounters of the Third Kind de Spielberg, Saturday Night Fever de Badham et évidemment Star Wars de Georges Lucas qui va engendrer à lui seul pas moins de 775 millions de $ de recette. Succès commercial CO-LO-SSAL !
Dès 1977, l’heure est au divertissement dans le cinéma US.
Après une décennie de films appartenant au mouvement dit du 'Nouvel Hollywood', le cinéma hollywoodien va entrer dans une nouvelle phase.
Le fer de lance de cette transformation : Star Wars évidemment.
Petit retour en arrière.
Durant cette fameuse décennie 70, une nouvelle génération de réalisateur prend le pouvoir sur le cinéma outre-atlantique. Ce sont maintenant les Coppola, Friedkin, Penn, De Palma, Spielberg, Scorcese, Nichols, Lucas et tant d'autres qui font la pluie et le beau temps à Hollywood.
La meilleure retranscription de cette période dorée du cinéma américain nous sera proposé par un certain Peter Biskind. Ayant vécu ces événements de l'intérieur, il raconte son histoire dans Easy Riders, Raging Bulls: How the Sex-Drugs-and-Rock 'N Roll Generation Saved Hollywood paru en 1999.
On y découvre les coulisses de la révolution qui opéra à Hollywood dès la fin des années 60.
On y voit le bouleversement des moeurs, des méthodes de travail, du quotidien dans la cité des anges.
On y côtoie une bande de jeunes passionnés, guidés par l'amour du cinéma, le sens de fête et l'appétence pour les prises de drogues collectives.
Oui, autant se le dire de suite, tous ces lascars ne buvaient pas que de l'eau !
La palme revenant à un certain... Georges Lucas qui carbura durant 4 ans (entre American Graffiti et Star Wars) à la marie-jeanne et au LSD.
Drogué à un tel point que ses amis les plus proches l'ont crus perdu dans ses délires de guerre étoilée.
Peut-être une explication aux robots dorés, aux Ewoks, aux sabre-lasers, aux Jedis, à Choubaka... Tout l'univers Star Wars serait alors le résultat du vaste trip d’un drogué fécond qui écrira sous drogue cette histoire aussi extraordinaire qu'alambiqué.
Evidemment, Star Wars ce n'est pas que ça.
La sortie de ce film s'inscrit dans une dynamique hollywoodienne plus large. Il entérine définitivement une logique d'exploitation commerciale entamée dès 1972 et la sortie de The Godfather.
Ce chef d'oeuvre intemporel sera le premier film de l'histoire du cinéma américain à sortir à échelle nationale. Il sera le premier a être distribué le même jour sur l'ensemble du territoire américain.
Ce nouveau mode de distribution va bouleverser l'industrie en place. A partir de cette date, les immenses campagnes publicitaires et les succès commerciaux d'envergure vont se multiplier et s’intensifier.
Citons The Exorcist sorti en 1973 et Jaws sorti en 1975 qui vont tous les deux fleurter avec les 500 millions de dollars de recettes. Du jamais vu à Hollywood depuis Gone with the Wind de Fleming sorti 40 ans plus tôt...
Tout cela va donc considérablement marquer les productions hollywoodiennes.
Georges Lucas a très bien intégré cette dynamique en cours et va faire de son film un véritable produit marketing.
Contrôle des produits dérivés, invention du mythe du film fauché, promotion commerciale à grande échelle.
Dans la foulée de cette opération folle, Star Wars rencontre un succès critique et public assez immédiat. Il deviendra en quelques semaines le second film le plus lucratif de tous les temps. Pour le rester jusqu'en 1998...
Depuis, Star Wars est devenu une franchise (vendue plus de 4 milliards de $ à Disney en 2012 !) doublée d'un véritable phénomène de société.
Combien de chambres d'enfants affublées d'un poster, d'une figurine, d'un oreiller, d'une lampe, d'un Lego ®, d'un pyjama, d'une couette à l'effigie d'un des héros de Star Wars ?
Combien de DVD et Blu-Ray de suite, spin-off, épisodes intercalés, séries dérivées, dessins animés issus ce 1er opus ?
Voilà donc de quoi la période dite du 'Nouvel Hollywood' aura indirectement accouchée.
Un film-spectacle, un film-produit, un film-parc-d'attraction.
Un film finalement aux antipodes de la contre-culture dans laquelle le 'Nouvel Hollywood' tenta un temps de s'inscrire. Explorant des thèmes jusqu'alors tabous comme la corruption des pouvoirs politiques, la sexualité, la violence ou le massacre des Indiens. Déconstruisant et s’affranchissant des conventions hollywoodienne alors en place.
Dans la continuité de ce perpétuel renouvellement des formes, Lucas et son Star Wars enterreront instantanément les Coppola, Friedkin, Cimino et consors. Ceux-ci seront priés se contenter (au mieux) de succès critique confidentiels et laisser place à Danny Zuko, Yoda, E.T., Indiana Jones, Marty Mcfly et tant d'autres...
Star Wars, remake assumé du The Searchers de John Ford de 1956.
Star Wars, enfant illégitime du 'Nouvel Hollywood'.