Les films catastrophes ont pullulé à partir de la fin des années 90, c'est-à-dire au moment où les effets spéciaux devinrent suffisamment bons pour devenir vraiment impressionnants en salle de cinéma. Roland Emmerich a largement popularisé et codifié le genre avec Independance Day puis avec Le Jour d'Après, et Spielberg décide alors de nous dresser sa propre vision du film catastrophe, genre alors en pleine effervescence.
D'abord, au niveau visuel, La Guerre des Mondes envoie du lourd, et Spielberg privilégie souvent les plans assez longs, plus ambitieux mais surtout plus immersifs. En effet, ça fait plaisir de voir quelques plans-séquence de 30 secondes dans des scènes d'action : le film ne tombe pas dans la facilité, et gagne énormément en tension.
Mais la tension ne réside pas seulement dans les scènes d'attaque d'aliens. Le Guerre des Mondes met en scène une masse d'humains en situation de panique générale, et est très insistant quant au danger que ceux-ci représentent également. Le personnage principal, incarné par Tom Cruise, n'est pas du tout un héros : il est comme tout le monde, essaie de sauver sa peau, même si ça implique de commettre des méfaits.
Dans ce film, Tom Cruise n'est pas un héros banal, mais un humain banal, ce qui le rend bien plus crédible. Il vole une voiture pour s'échapper, menace d'un pistolet pour sauvegarder son bien, commet un meurtre volontaire pour assurer la survie de sa fille... Ça paraît peu de choses, mais chez Emmerich ou Michael Bay, on n'aura pas ce genre d'anti-héros.
Au niveau de son scénario, La Guerre des Mondes nage entre deux eaux. Tantôt il peut être très sombre, et installe une tension énorme, en allant même jusqu'à placer le personnage de Tom Cruise dans une épique situation de dilemme, tantôt il peut être très prévisible, voire regrettable.
J'adore vraiment la scène où Tom Cruise doit choisir entre la survie de son fils ou de sa fille. C'est de loin l'instant le plus dramatique du film, où les foules déferlantes et les paysages apocalyptiques laissent présager de la lourdeur et des conséquences du choix. La survie du fils à la fin du film vient briser cet instant épique, d'autant plus qu'elle n'est absolument pas expliquée ou justifiée. Je ne m'en prends généralement pas à ce genre de détails de fin de film, mais celui-ci décrédibilise la meilleure scène du film, donc je trouve vraiment ça dommage...
Malgré d'évidentes faiblesses, La Guerre des Mondes se trouve être un des meilleurs films de catastrophes qui soient, Spielberg sait s'approprier le genre et le film sait être divertissant et haletant sans trop tomber dans les clichés et en restant convaincant.