La Guerre des mondes par Jeiaz
Ce film contient tout ce qu'il faut sans s'en donner l'air. C'est un film de survie réduit à un tout petit groupe, une famille dont même la mère est exclue et dont le dénuement ne repose que sur le hasard et non sur les actions des personnages qui auront traversé le film de façon presque exclusivement passive. Exit, les scènes de décision de groupe, les intrigues parallèles dues à la séparation des protagonistes, les actes éclatants d'héroïsme. Ici, on file tout droit sans se perdre. Et la communication, donc avec la disparition de tout média, la connaissance, est réduite au minimum. Car exit aussi les images de journalistes sur-excités, d'explosion de bâtiments publics et de folie collective. Quant ici ces choses ont lieu, c'est presque incidemment, parce que l'événement se trouve dans le champ de la caméra. La permanence de cette menace souvent hors champ, dont on voit la dangerosité sans forcément la voir elle-même, répond au hors champ de ce que savent les trois protagonistes.
L'héroïsme ici se situe dans la survie, le calme, rarement dans la violence. Comme dans l'excellent Munich, celle-ci est brut, échappe à toute stylisation. Ainsi, lorsqu'il faut éliminer un autre trop bruyant pour ne pas devenir dangereux, l'atrocité nécessaire est commise derrière une porte fermée et sans heurts.
Le rythme est très travaillé, avec des scènes de fuite effrénées et parfois anxiogènes (le vol de la voiture) qui laissent place à des moments de contemplation (la plaine rouge) et des passages à vides maitrisés. Un exemple parfait est la succession de scènes dans la cave. Ce décor offre plusieurs situations, dont certaines sont très lentes, très larges et devient un véritable refuge, alors que naturellement est serait plutôt le lieu de l'enfermement paranoiaque. Le film y reprend son souffle.
Cette maitrise du tempo, le resserrement du point de vue (qui n'oublie pas d'observer froidement l'humanité), et le omissions volontaire quant aux normes du genre permettent de réinventer le genre du film catastrophe. D'ailleurs, La Guerre des Mondes n'en est pas un.
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