La Haine par Corn-Flakes

Un film incontournable qui a marqué l'esprit de nombreux jeunes. Je l'avais vu étant gamin, mais j'avoue n'en avoir gardé aucun souvenir, si ce n'est le commentaire initial sur la chute de cinquante étages. C'est donc avec plaisir que j'ai pu le revoir et l'apprécier de bout en bout. L'aspect documentaire du début, l'utilisation du noir et blanc, permet de créer une dimension dramatique. On s'attend à ce que le film ne soit que de l'étalage de violence des deux côtés (policiers et jeunes), mais non, le réalisateur évite de tomber dans ce cliché et nous offre la possibilité de mieux découvrir nos personnages. Un trio, un juif, un arabe et un noir, confronté au racisme grandissant et au malaise que les policiers instillent dans les cités. Ce malaise est palpable tout au long du film. Que ce soit representé à travers les altercations contre les policiers, ou bien à travers les silences qui peuvent ponctuer le film... La morale n'est pas de mise, et elle se retrouve au final assez abimé... Notons aussi les touches d'humour et l'omniprésence des histoires drôles bien souvent pathétiques de Saïd qui permettent d'alléger, de dédramatiser le récit de très belle manière. Par exemple, lorsque le trio s'engueule dans les toilettes car Vinz veut descendre un flic pour se venger, et qu'un personnage, un nain, sortant de son cabinet comme un diable hors de sa boîte, arrive et raconte une anecdote de sa vie totalement décousue dans le contexte. C'est hilarant est très appréciable. Mention spéciale à Kassovitz dont le cynisme l'a poussé à jouer le rôle d'un skinhead (avant de devenir le crétin engagé qu'il est aujourd'hui.)