Quand «French connexion » rencontre « Les chiens de paille », le mix donne «La Horse», thriller sans concession, mais aussi satire familiale et sociale. Auguste Maroilleur (Gabin), riche fermier normand trouve sur ses terres dans une cabane d'affût de la «horse», en argot de l'héroïne. Il découvre que celle-ci est à son petit-fils Henri (Marc Porel) revenu d'une croisière transatlantique. Maroilleur détruit la marchandise et se prépare à recevoir la visite de personnes pas très convenables venues récupérer leur bien. Nous sommes à l'aube d'une ère nouvelle, on aperçoit au détour d'une scène, un chantier d'autoroute, la France se modernise mais pas les moeurs de cette région rurale. Aidé par son neveu «Bien-Phu» (André Weber), Maroilleur règne en maître sur son domaine et prend seul les décisions. Ses filles et ses gendres n'ont pas leur mot à dire. Ce droit lui a été donné par son père et il le transmettra à son petit-fils. Maroilleur dégouline d'autorité, il a le pouvoir absolu, (les repas familiaux sont des moments de pure tension). Après plusieurs intimidations (massacres d'animaux, grange brûlée), les gangsters franchissent le Rubicon. Le film va alors se transformer en «Rape and Revenge» d'une rare cruauté, le sang va couler, le clan Maroilleur lié par le sang et l'omerta familiale sera plus soudé que jamais autour d'un Gabin monstrueux de charisme. Le plan final en contre-plongée sur la nuque grise du patriarche résume à lui seul la grandeur du personnage. Une claque !