Un film extrêmement puissant sur les difficultés d'enseigner dans les quartiers populaires. J'étais un peu sceptique au début par le parti pris plutôt violent de la mise en scène. Mais finalement le huis clos fonctionne très bien, et les différentes facettes de la violence subie dans les murs de l'école sont développées. Parce que si l'on comprend bien dès le début les raisons pour un professeure d'un craquage face à des élèves insolents, on découvre au fil du film toutes les tensions cachées qui n'attendent qu'à exploser à la surface.
Malheureusement, hormis Isabelle Adjani et les élèves, les performances des acteurs/trices sont assez médiocres. Les scènes qui se passent hors de la classe perdent donc nettement en intérêt. En revanche, les divergences d'opinion sur le rôle de l'Education nationale sont très visibles. Doit-on discuter de religion à l'école ? Doit-on "s'adapter" aux conditions d'enseignement difficiles ou refuser de capituler face au diktat imposés par certains élèves ?
Finalement, la réussite de ce film c'est de refuser d'être manichéen en ayant d'un côté les méchants profs contre les gentils élèves opprimés ou inversement, les gentils profs et les méchants élèves mal élevés des cités. Dans ce film, on comprend que l'enseignante souffre aussi de l'incompréhension de sa hiérarchie. Les filles souffrent des stigmates voire des violences que leur font subir leurs camarades masculins. La cité entière souffre des logiques qu'impose le régime de la drogue, etc.
Certaines choses sont amenées de manière moins subtiles, peut-être que le blâme envers un élève en particulier est maladroit.
Pour autant, on retiendra la force avec laquelle le film fait ressortir tous les paradoxes d'un environnement rendu complexe, où l'éducation traditionnelle se retrouve confrontée à des choses qu'elle aimerait mais ne parvient pas à maitriser.