Il faut voir la scène d’introduction de ce La La Land. Avec ce (faux) plan séquence dansé tourné sur… une bretelle d’autoroute, le ton de ce que seront ces 126 minutes est donné. Chorégraphies impressionnantes, couleurs chaudes et mouvements de caméra permanents feront la réussite de La La Land de Damien Chazelle. Mais la principale réussite du réalisateur est d’avoir réussi la gageure de proposer un film (musical, qui plus est) où la nostalgie se marie avec le modernisme. Comme un clin d’œil à son personnage principal, Sébastian (Ryan Gosling), jazziste convaincu et passionné par ce style musical qui périclite un peu plus chaque jour, traditionaliste féroce qui refuse tout apport moderne au genre ? Peut-être bien… Filmé en cinémascope, le mélodrame est un hommage au cinéma de Fred Astaire et de Jacques Demy.


Damien Chazelle cultive habilement le paradoxe de la temporalité et propose un univers où les époques s’entremêlent. Si Sébastian roule dans un vieux cabriolet, la jeune comédienne, Mia, dont il tombe amoureux, roule en hybride, a un smartphone et les instruments que Sébastian finit par utiliser avec le groupe de son acolyte, Keith, jazzman moderne, feraient le bonheur de groupes pop contemporains…
Aussi classique qu’audacieux, le feel good movie est renforcé par la véritable performance du duo Stone-Gosling. Ils dansent, ils chantent, jouent du piano, et n’ont rien à envier aux acteurs qui ont été leur modèle sur ce projet.


Surtout, La La Land ne tombe pas dans la facilité et reste de bout en bout un conte mélancolique et désabusé, où l’amour, comme les rêves de vivre de son art, ne mènent pas toujours à une conclusion heureuse, dans un Hollywood légendaire où rien n’est facile, où les petits théâtres et les salles de concert meurent au profit de gigantesques Zénith impersonnels.
Le film de Damien Chazelle est joyeux, beau, bienveillant et profond. Et incontournable, aussi.

Adao
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le 7 févr. 2017

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Adao

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