Il est vrai que je ne me suis pas rendue à cette séance de La La Land l’esprit vierge de toutes attentes. J’ai été très réceptive à tous les éloges que l’on a pu adresser à ce film qu’on annonçait, d’entrée de jeu, comme étant la merveille cinématographique de l’année. Il est vrai que j’avais préconçu d’avance La La Land comme un spectacle truffé de rêve et de poésie. En un sens, tout ceci m’a permis d’entrer dans la salle de cinéma avec l’immense espoir de ne pas voir ce doux rêve que l’on m’a promis se transformer en une pâle copie. Je suis sortie de cette séance presque euphorique, et c’est presque à regrets que je quittais ce cocon empli de magie. Ma naïveté et sûrement mon manque d’expérience cinématographique que je tente de combler ont peut-être joué dans ma très –trop ?- grande appréciation de ce film ? En tout cas, le fait est que le charme a parfaitement opéré, et j'en suis plus que satisfaite.
L’une des choses que j’ai le plus apprécié dans La La Land est ce brouillage permanent entre ce qui est fictionnel et ce qui ne l’est pas. Outre la libération délibérée d’une poésie dans un cadre urbain morne comme dans la scène d’ouverture, sublime sur tous les plans, il peut s’agir parfois d’un son, comme cette sonnerie de téléphone, pour faire basculer le spectateur d’un univers à un autre. D’ailleurs tous les clins d’œil adressés au monde du cinéma, comme cette fresque murale devant laquelle passe Mia, ou la reprise d’une scène de La Fureur de Vivre renforcent l’idée d’une création onirique d’un réel, qui ne vibre qu’à travers les sonorités du jazz. Une certaine osmose entre Ryan Gosling et Emma Stone permet de rendre la relation entre Mia et Sebastian à la fois crédible et sincère.
D’un point de plus « technique » (je ne sais pas véritablement si c’est le terme le plus approprié), j’ai été tout aussi bluffé, par un usage des couleurs vives et unies efficace, pertinent, et lourd de sens ; des mouvements fous de caméra lorsque l’on atteignait la partie la plus exaltante de la chanson, concevant ainsi une armée à la fois visuel et sonore ; une utilisation des fondus et de la superposition d’images très classieuse, à la fois au début du film lorsque Mia se rend à cette soirée chic, ou pour illustrer le passage d’une saison à une autre. Enfin, la reprise alternative de scènes clés permet d’étendre les possibilités, rendant au rêve toute sa puissance créatrice. J’ai été d’autant plus enchanté par le rendu des lumières, qui soutiennent avec force le propos de chaque scène. Elles sont même, à mon sens, centrales, et plus particulièrement lorsqu’elles finissaient par s’effacer pour ne faire plus qu’un en Mia ou en Sébastian. Une façon délicate, poétique, mais néanmoins révélatrice du fait que les rêveurs développent et vivent leur propre réalité avec le cœur, et non avec l’esprit.