Pour son premier film, Damien Chazelle avait, deux ans auparavant, fait trembler le monde du cinéma à travers un duel psychologique haletant et éreintant sur fond de free-jazz endiablé. "Whiplash" est une véritable merveille et a d'ores et déjà marqué la décennie mais Chazelle n'était pas le premier réalisateur a signer un classique d'entrée. La grande question était plutôt d'attendre le jeune metteur en scène de 32 ans au tournant pour voir si réellement le gaillard avait plus d'une bonne idée dans son sac. "La La Land" donc, qui continue dans le registre musical mais sous un angle radicalement différent. En effet, au placard suspens et drame furieux, faites place aux paillettes, couleurs et amourettes sur fond de rêve hollywoodien. On pourrait s'y méprendre mais le deuxième film de Chazelle est dans la droite lignée du premier : la recherche du succès envers et contre tous. Ici c'est Ryan Gosling et Emma Stone (juste bluffante) qui s'y collent et forment un duo amoureux comme on en avait plus vu depuis longtemps à Hollywood. Disons-le tout de suite, "La La Land" vaut le détour ne serait-ce que pour cette formidable bouffée d'air frais qui souffle de moins en moins sur un 7ème art trop vite prompt à sortir le scabreux et à éteindre les lumières. Des décors enchanteurs, des scènes d'une poésie à vous faire décoller du siège et surtout, une BO qui fout la pêche et qui sonne comme un véritable hommage aux années d'or du cinéma hollywoodien. Histoire atemporelle (on sort les portables en smokings dans des bars enfumés et jazzy), "La La Land" se retrouve malheureusement quelque peu plombé par son refus d'aller jusqu'au bout en termes de sourires béats et de joie sans fin. Un film indispensable mais qui aurait pu être d'autant plus génial si Chazelle n'avait pas cédé à ses obsessions de poursuite acharnée du succès au détriment de celle du bonheur.