La La Land propose de multiple facettes aussi bien sur le plan de la réalisation que dans ses choix scénaristiques, et à bien des égards on peut comprendre l'avalanche de succès qui lui est dû ; mais attention à ne pas se laisser embrigader par le marketing, qui en plus d'en agacer certains, pourrait vous donner une attente trop grande.
Et l'attente que suscite La La Land vient surtout de Whiplash, Damien Chazelle devait alors concilier un public acquis tout en continuant sa traversée musicale et ses idées tranchées. Avec le choix de la comédie musicale il peut donc continuer son introspection musicale, et surtout sa ferveur pour le jazz. Outre ses propos sur tradition et modernité il reprend parfaitement le rythme de Whiplash dans sa réalisation, la batterie laissant place au piano et plus encore au genre tout entier de la comédie musicale.
Car dès le premier plan on est subjugué par l'hommage aussi bien à la nouvelle vague qu'à l'age d'or de Hollywood. Chazelle avec ses propos sur un jazz mal aimé laisse entrevoir aussi la possibilité de faire renaître une époque révolue. Si la modernité se fait par touches discrètes et bienvenue, on assiste à tous les codes de la comédie musicale, replongeant par moment dans la magie d'un Singin in the Rain assumé et revendiqué. La beauté des images vient alors se substituer à un scénario simple, très convenue mais perturbant dans sa trajectoire.
Car c'est là que le bas blesse à mon sens : l'hommage est peut-être trop présent à ce niveau là, l'impression de déjà vu sans avancer rend par moment le film long. Mais on se rend compte (tardivement) que c'est pour mieux amorcer la tragédie inhérente au genre. Et c'est ainsi qu'on retrouve le sadisme d'un Whiplash dans une fin qui remue le couteau pour le spectateur secoué par la fin proposée. Mais n'y voyez pas un quelconque mécontentement, on accepte le propos pour faire entrer La La Land dans sa dimension tragique au même titre que d'autres célèbres comédies musicales ; celles-ci balançant volontairement entre mélodie, enchantement et tragédie, un cocktail qu'on retrouve dans son aïeul qu'est l'opéra.
La musique, au même titre que Whiplash, a son importance pour le réalisateur qui semble bien décidé à lui redonner une place, comme un personnage à part entière dans son cinéma. La part sombre du réalisateur, ou son sadisme, ressort donc encore une fois avec cette impossibilité d'atteindre un bonheur parfait. La La Land est comme une bulle qui éclate pour montrer les failles d'une réalité qui ne peut tout parfaire.
Whiplash posait d'ailleurs cette excellente problématique de tirer le meilleur de soit même dans la douleur ; La La Land évoque tout autant les rêves de ses personnages, sauf qu'il instaure plus en profondeur le paramètre de l'amour... une possible obsession dans les futurs projets du réalisateur ?

LuluCiné
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le 1 févr. 2017

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