C'est peu dire que j'attendais le nouveau film de Damien Chazelle, et pour la 3eme fois, la musique est à l'honneur, au sein de la Cité des anges.
Dans cette quête à la réussite d'une apprentie actrice et d'un pianiste de jazz, le film est clairement une comédie musicale, avec des numéros souvent étonnants, car la plupart du temps filmés en plan-séquence.
Cela commence par une bretelle d'autoroute au générique, même si il y quelques raccords invisibles, mais c'est souvent étonnant par l'énergie, et quelque chose que je trouve joli, c'est que les chorégraphies ne sont pas toujours justes. C'est trop volontaire pour que ce soit un oubli, car nombreux sont les plans où Ryan Gosling et Emma Stone ne sont pas en accord, mais ça donne un côté humain touchant. Si l'ambition de Chazelle est de rendre hommage aux comédies musicales de l'après-guerre et à Jacques Demy (dans le sens où les chansons sont souvent des dialogues entre les interprètes), il ne veut sans doute pas que ses comédiens copient Cyd Charisse, Fred Astaire ou Gene Kelly, et c'est tout à son honneur.
Peu à peu, l'histoire d'amour prend une autre tournure, que je ne dévoilerais pas, mais la magnifique dernière partie m'a mis les larmes aux yeux, car elle parle sans doute à chacun d'entre nous sur notre chemin de vie. L'émotion de cette fin a tout emporté, et c'est avec un grand sourire doux-amer que j'ai quitté ce film qui, et ça devient très rare, se termine par un The end. Comme avant...
Les deux acteurs principaux, Ryan Gosling et Emma Stone, sont décidément excellents, et étant donné que c'est la troisième fois qu'ils tournent ensemble, on sent une réelle connivence, une connexion. Autant Ryan Gosling est juste dans son rôle de pianiste courant après une utopie du temps, Emma Stone y est bouleversante ; je la vois profondément investie dans ses scènes chantées, où sa voix grave fait des merveilles, et elle est souvent filmée comme un songe, à l'instar de Los Angeles, qui ressemble à un décor de carte postale.
Je regrette juste qu'il n'y ait aucun autre acteur de poids, excepté une apparition clin d’œil de J.K Simons, et un chanteur reprenant Take on me et I ran, mais ce sont les seules chansons connues du film, tout le reste est une composition originale.
Après avoir vu La La Land, je comprends le succès mondial et son plébiscite critique, car il sait toucher au cœur. De temps de temps, j'aime quand le cinéma se surpasse dans ses ambitions et offre un miroir fantasme de la vie. De plus, l'émotion procurée par le film n'est pas feinte.
Cela donne envie de revoir le genre musical revenir en force, surtout quand c'est réalisé par Damien Chazelle.