J'ai la triple tare : je suis un garçon, j'ai une répulsion automatique pour les comédies musicales et je déteste qu'on suive une mode, c'est à dire reprendre The artist, le coloriser et faire une suite de plans séquences à la Birdman. Je me voyais donc mal me lancer dans un film tendance où les acteurs se répondent sur des chansons d'une niaiserie abyssale et où chaque intervenant a une dentition tellement parfaite qu'elle paraît faite sur mesure. Un film (non) Disney de ces 25 dernières années donc. Mais un cinéphile doit il se braquer et tourner le dos à ce genre de succès incroyable sous prétexte qu'il est persuadé vomir ses biscottes de camembert du midi (véridique. pas pour le vomi, pour les biscottes). Alors me voilà lancé dans un téléchargement illégal à 1080P, un blu ray rip vostfr de derrière les fagots. quelques minutes plus tard, me voilà en possession du film de l'année. Et dès les premières minutes, c'est le drame. une succession de jeunes figurants sautant sur des voitures en plein embouteillage, chantant et dansant devant une impressionnante caméra glissant et volant dans ce brouhaha. Ça démarrait mal pour un gars pour qui les comédies musicales sont comme un album de Julien Doré ou Maé dans une histoire de la musique française peuplée de Goldman, Aznavour, Balavoine ou Cabrel. Pourtant les scènes s'enchaînent, techniquement et visuellement toujours parfaites, déballage de rails et de grues pour des séquences bien huilées et colorées. Je me prends au jeu, malgré encore une trame et un schéma scénaristique vus et revus. Les acteurs sont bons, Ryan Gosling a une palette artistique infinie, le talent d'actrice d'Emma Stone est au rendez-vous et on laisse reposer le film sur leur idylle. Toujours pas de surprise scénaristique mais finalement la surprise est là pour moi, je tiens et ... j'apprécie le film, lui trouve des qualités, suis impressionné encore et toujours par la photographie qui est vraiment l'atout majeur de ce film.
Alors non, j'avais prédit un 2 et rien que pour ça, au lieu d'un 7 je monte à 8 (vous suivez ma logique ?). Niaiseux et trop propre, bien sûr, mais on ne nous a jamais menti sur la marchandise et la clientèle ciblée sera enchantée de se laisser bercer par ce film ultra léché, d'une précision diabolique.
Je ne me relancerai pas pour autant dans Grease, La mélodie du bonheur ou Les hommes préfèrent les blondes mais l'exploit est là (là) pour ce La La Land bluesy (qui contrebalance avec les autres thèmes musicaux et fait du bien) et éclatant.