Ralalah… D’un côté j’ai l’impression d’être dur avec ma note de 6/10, mais d’un autre côté j’ai l’impression d’être bien clément… Mes sentiments sont si mitigés qu’au final, faire une synthèse en devient un exercice très compliqué. Comment dire… Le mieux serait sûrement de commencer par le commencement. Je ne sais pas vous, mais moi, je l’attendais quand même pas mal ce « La La Land ». J’aime souvent dire que je m’efforce de me projeter le moins possible vers les films que je compte voir, seulement voilà, il y a des fois où le cœur prend le dessus. J’avais adoré « Whiplash » de Damien Chazelle. C’était direct, efficace, vicieux et viscéral. Je n’étais pas plus sensible que ça au jazz et pourtant ce film m’avait refilé des frissons lors de certains de ses morceaux musicaux. Donc quand le même gars revient avec une comédie musicale, forcément, ça me rend ultra curieux. Donc, non, je n’y suis pas allé neutre. On ne va jamais neutre au cinéma, mais ce coup-ci c’est clair que j’y suis allé moins que d’habitude. Et le premier ressenti que j’ai eu à l’égard de ce film, c’est que j’ai été déçu. Le film commence quand même pas un remarquable morceau musical magnifiquement chorégraphié, et pourtant, je suis resté inerte dans mon siège. Pourtant c’était maitrisé à la perfection. C’était très inventif, incroyablement rigoureux, et sacrément punchy… Et pourtant niet… Rien… Nada… La faute à quoi ? Sur le coup je me suis moi-même surpris de ma réaction. Et puis je me suis dit que le problème devait sûrement venir de la musique, tout simplement. C’est vrai que c’est tout con, mais ce trip sur les vieilles comédies musicales ça ne me parle absolument pas du tout. Et un moment, je me suis dit que c’était quand même rageant. Je voyais les scènes s’enchainer avec beaucoup de maitrise formelle ; avec un sens du mouvement et de la dynamique parfaitement cohérent avec l’élan musical qui donnait le rythme au film, et pourtant j’étais là, inerte, tout simplement parce que la musique ne me plaisait pas… Et puis je me suis rendu que, même en dehors des scènes musicales, mon inertie persistait malgré tout… Et si finalement le problème venait d’ailleurs ? Ça pourra peut-être paraître stupide de se poser de telles questions pendant un film, mais d’un autre côté, c’est tellement frustrant de se dire que tout est là pour que ça marche, alors qu’au final, vis-à-vis de moi, ça ne marche pas. Et puis, au fur et à mesure que le film a avancé, j’ai vite cerné ce qui posait problème… ou plutôt ce qui posait problème dans les quatre premier quarts du film. Parce que oui, d’un seul coup, dans la dernière demi-heure, j’ai senti quelque-chose… Que se passait-il ? Eh bah tout simplement j’ai senti l’intrigue démarrer. Ça y était enfin : on abordait ENFIN le nœud de l’affaire ; un nœud pourtant annoncé dans la bande-annonce. Alors certes, j’ai beau savoir que les bandes-annonces ont une fâcheuse tendance à saborder les films en en racontant trop, mais quand même ! Le seul élément d’intrigue présent dans la bande-annonce c’est quand même ça : « OK, t’as une passion et tu as décidé de la laisser de côté pour quelque-chose de plus safe mais de moins passionnant ». Il n’y avait rien d’autre. Et soit dit en passant : à raison ! Effectivement, dans le film, il n’y a pas d’autre élément d’intrigue avant celui-là. Avant ce moment d’opposition entre les deux personnages, ce n’est que de la mise en place de personnages et de situations ; ce n’est que de la situation initiale. Il n’y a pas d’enjeu ! Et que je me dise qu’au final, l’amorce de l’intrigue s’opère après presque une heure et demie de film, il y a quand-même un très gros souci d’écriture ! Eh oui, en fait il est là le problème de « La La Land » à mes yeux ! Ce n’est pas un problème de musique ! Si « Whiplash » a su me faire apprécier de jazz, il n’y avait pas de raison pour que « La La Land » ne soit pas en mesure de me faire apprécier les comédies musicales des années 50. Non, le problème c’est que pendant une heure et demi, ce film n’a été qu’une pure démonstration technique. Alors oui, le gars touche comme un dieu, mais il ne raconte rien ; du moins rien de dynamique. Pourtant au départ j’étais le premier à accepter les postures très convenues des deux personnages principaux, me disant que ça faisait partie des codes du genre. Mais non, désolé, pour moi, en fin de compte, c’est quand même un problème. Et j’enrage de ça justement parce que la dernière demi-heure est vraiment super chouette. Là, dès que les enjeux sont posés – dès qu’on se met à raconter quelque-chose avec des dilemmes véritables imbriqués aux problématiques des personnages, là ça marche du tonnerre ! Cette fin, je l’ai trouvé sublime, subtile, intelligente. Ce regard porté sur la passion – sur les passions – et les choix et conséquences qui en découlent, j’ai trouvé que ça coulait tout seul. D’ailleurs, rares sont les mots prononcés lors de ce final. Les passages musicaux, les audaces visuelles s’enchainent avec aisance. Alors qu’au début du film les passages musicaux m’ont paru débarquer de manière rude et brutale, là, sur la fin, il n’y avait plus aucun problème. Ce final, je le trouve génial. Et c’est justement ça qui me fait enrager contre cette heure et demie totalement molle ! Il manquait la sève ultime d’un film ; les éléments qui permettent vraiment aux personnages et aux situations de se révéler. Et c’est tout bête, mais juste parce que ce truc a mis des plombes à se mettre en place, je me suis retrouvé à devoir somnoler à moitié pour avoir mon fixe. Un film comme ça aurait dû ne durer qu’une heure et demie. Il aurait dû apporter de la densité. Il aurait dû apporter ses morceaux musicaux progressivement sur la fin, plutôt que de tout claquer dès le début parce que la convention veut ça. En fait voilà : je pense que ce film passe vraiment à côté de quelque-chose, juste parce que son auteur a voulu respecter les codes d’un genre. Dommage. Dommage. Vraiment dommage… Bon après, rien que pour le final, ce film moi je le prend carrément, mais quelle tristesse de me dire que j’hésiterais sûrement à l’avenir de m’y replonger juste parce le plaisir se fait au péril d’un ennui assez prononcé. Après, de votre côté, à vous de voir si le déplacement vaut le coup. Mais moi, au moins, j’aurais fait mon taf : je vous aurais prévenu…

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le 17 sept. 2017

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