Entre La La Land et moi, c'était très mal parti.
Rien de tel que la dégoulinade de superlatifs et l'armada de points d'exclamation qui ont accompagné sa sortie pour me donner envie d'émigrer au fin fond de la Cordillère des Andes, le temps que l'orage passe. Et pourtant je n'ai pas le pied montagnard, c'est pour vous dire.
Ensuite, les comédies musicales sont un peu pour moi ce que la bande dessinée est à la lecture, soit un genre dont je n'ai absolument jamais envie. Pas un matin de ma vie où je me serais réveillée en me disant: "Tiens, je me materais bien une petite comédie musicale aujourd'hui". Ce sont toutes deux pour moi des formes d'expression un peu incongrue, hybride, des mélanges peu naturels, comme deux boules de glace aux saveurs mal assorties.
Et voilà que la scène d'ouverture du film a bien failli avoir raison de ma volonté, dont on comprend pourtant au vu de ce qui précède, qu'elle était très, très, bonne. Un embouteillage monstre sur le fameux entrelacs autoroutier de L.A. et des conducteurs qui se mettent à chanter et à danser sur le toit de leur voiture. L'horreur. Je me suis dis, si dans la scène suivante les dialogues ne sont pas parlés, je plie les goals, je range les popcorns et je vais faire un peu de repassage. Heureusement, un vrai film - avec des acteurs qui disent des dialogues - a commencé après, conduisant à une décrispation générale de votre dévouée.
L'histoire est charmante, les chorégraphies sont charmantes, les acteurs sont charmants, mais pour moi la qualité incontestable de ce film réside dans sa dimension esthétique. Tout est incroyablement beau, le code couleur est sublime mâtinant les extérieurs, les décors, les tenues des acteurs d'un bon goût parfait. La scène où Mia marche dans la rue bras-dessus bras-dessous avec ses trois copines, comme si le monde leur appartenait, chacune virevoltant dans une robe unie de couleur vive est simplement sublime. C'est stylé juste comme il faut, sans devenir glacé comme une page de magazine de décoration, un peu désuet mais sans être nostalgique ce qui prête au film une qualité très agréablement intemporelle et confère à la narration une grande douceur.
Alors voilà. Suis-je réconciliée avec les comédies musicales? Non. Sans doute même je les aime encore moins qu'avant car je suis assez persuadée que, débarrassé des atours du genre, des fards et des flonflons, ce film n'en aurait été que meilleur, comme un artiste Drag-Queen qui, démaquillé et sans costume, chanterait simplement et divinement une balade a capella.
Merci de m'avoir lue.
Amitiés,
Dustinette