Lalanne infernal, j'aurais pu comprendre mais....

...j'ai envie de dire, comme de coutume, ne vous laissez pas tromper par la traduction française plus qu'aléatoire du titre car si "La lame infernale" laisserait présager un bon vieux giallo de derrière les fagots, ici nous sommes plus en présence d'un "poliziottesco" (film policier bis dans les années 70) voir d'un thriller au relents sociaux et politiques. Certes le tout est saupoudré de quelques éléments du giallo : le tueur masqué tout de noir vêtu et qui aime occire armé d'un hachoir de boucher sans plaindre les effusions d'hémoglobine, mais l'on sent que ce ne sont pas les parties du film pour lesquelles Dallamano vibre le plus.
Pour résumé le titre original "La polizia chiede aiuto" (= la police a besoin d'aide) ou même la traduction anglaise "What have they done to your daughters ?" restent beaucoup plus pertinentes.

Deuxième volet d'une trilogie non achevée, ce film reste en partie dans les sujets abordés dans son prédécesseur, le bon "Mais qu'avez-vous fait à Solange ?" à savoir les jeunes-filles en fleur livrées en pâture pour satisfaire les plus bas instincts d'une frange de la société apparemment au-dessus de tout soupçon. Livrées en pâture, quand elles ne s'y jettent pas de leur plein gré sans deviner l'horreur qui les y attends. Ici, le comissaire Silvestri (Claudio Cassinelli, à fond dans son rôle) et la procureur de la république Stori (Giovanna Ralli, très bien aussi mais affublée d'une coiffure à la Corinne Touzet des mauvais jours qui l'enlaidirait presque et ça relève de l'exploit tant la jeune-femme est belle) vont devoir démêler une sombre et glauque affaire de prostitution de mineures, livrées aux désirs coupables et dégueulasses de pédophiles ayant les moyens de satisfaire leur vice sans le moindre scrupule. Lorsque l'une des victimes est retrouvée nue et pendue, le réseau tremble d'être découvert et un mystérieux tueur au hachoir est lancé sur les traces de ceux qui pourraient parler.

Plus qu'un simple thriller qui fasse frissonner, bien qu'il soit dans ce domaine précis plutôt efficace, Dallamano veut plus. Il veut dénoncer ce qu'il considère comme des faits de société qui se répètent de plus en plus souvent, trop souvent, dans l'Italie des années 70. Ouvertement pessimiste, le film glace par sa fin qui, sans en dévoiler quoi que ce soit, se montre clairement cynique et désabusée sur les possibilités de mettre fin à ces affaires une bonne fois pour toute et de "punir" TOUS les coupables. En gros, Massimo il nous dit "Ça vous écœure ? Moi aussi. Mais notre société et pourrie, corrompue et n'espérez pas que cela s'arrête de sitôt si rien ne change".

Le film réussit à avoir un impact sur son spectateur de par bien sur son sujet, également grâce à ses acteurs convaincants et surtout, je trouve, parce qu'il est vraiment très réaliste. Que ce soit dans le fond ou dans la forme, on y croit, les débuts de l'enquête ou l'on suit pas à pas toute ses évolutions grâce aux techniques de l'époque (empreintes, vidéos, médecine légale etc... Ouais, les Experts n'ont rien inventé) ont presque un côté documentaire qui finit de nous immerger complètement.

Un petit mot, pour conclure, sur la très belle partition de Stelvio Cipriani qui loin d'ajouter une ambiance oppressante ou anxiogène, est assez légère par rapport au film qu'elle habille, créant de ce fait un décalage voulu entre ce que l'on voit et ce que l'on entend. Décalage qui bien sur, finit de vous perturber.

Plutôt couillu au final.
Pravda
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le 4 juin 2014

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Pravda

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