C'est au moins la troisième fois que je la franchis, cette fine ligne rouge du titre, et à chaque fois, je plonge. Malgré la lenteur entêtante de certaines séquences et l'argument un peu convenu sur la monstruosité de la guerre. Mais le charme du contraste entre les magnifiques images de la nature foisonnante et nos petites marottes sanglantes opère comme au premier jour et je me retrouve à secouer la tête avec accablement devant la bêtise de l'entreprise guerrière humaine comme si je découvrais la faiblesse coupable de notre caractère devant l'étrange séduction de la violence. Autant dire que Malick fait mouche, donc. Et puis, ce gars sait choisir ses acteurs. Un casting exclusivement masculin, le sujet l'impose, qui parvient à représenter une palette d'humanité variée et facile à adopter dans son panthéon d'archétypes accessibles; personne ne reste à la porte, ni l'incurable romantique abusé par sa trouble compagne, ni le gradé ambitieux qui voit la guerre comme un cadeau de la providence à la mesure de son talent stratégique jusque là inemployé, pas même l'ingénu christique, héroïque sans chercher à l'être, qui reste une énigme pour son supérieur. Une méditation hypnotique entre Brothers in Arms et Princesse Mononoké - l'hybridation pourrait sembler contre nature, mais finalement, elle est viable - que je verrai certainement une 4ème fois, un jour. Ne serait-ce que pour Sean Penn.