Frank Darabont avait sorti un chef d'oeuvre nommé les évadés en 1994. Echec commercial malgré un triomphe critique, les Evadés était devenu par sa sortie VHS et DVD un classique, et un des meilleurs films de tous les temps. Ce n'est pas rien, il est dans le top 10 des films Imdb. Il a été réhabilité depuis sa sortie et est unanimement reconnu comme un des plus grands films de tous les temps.
Mais Darabont, ce n'est pas seulement les évadés, il s'est attaqué à une nouvelle adaptation de Stephen King, avec 5 ans plus tard La Ligne verte, en 1999. Lui aussi par contre a reçu une réception critique et commerciale plutôt bonne, mais très loin du compte. Car oui, c'est un nouveau chef d'oeuvre de la part de Darabont. L'ayant vu très jeune, il m'a énormément marqué.
Là encore, l'histoire est assez simple : Hanks reçoit comme prisonnier dans le couloir de la mort, la fameuse "ligne verte", un nouveau prisonnier bien atypique en la personne de John Coffee alias Michael Clarke Duncan et d'étranges évènements vont apparaître...
Un simple film historique et carcéral dans les années 30 où Darabont va transmettre toute sa brio : une mise en scène parfaitement centrée autour de ses personnages, à la fois habile, sobre et très élégante, qui nous plonge très vite dans les évènements, si bien que l'on ne voit ni le montage ni les heures passés.
Darabont dirige de main de maître son film par une direction d'acteurs absolument excellente : Tom Hanks est bouleversant dans son rôle et frise le génie par moments tellement il est juste et est habité par son personnage (je viens presque à penser comment il a pu rater un troisième oscar avec ce rôle- là), tandis que Michael Clarke Duncan joue le rôle d'une vie dans la peau du mémorable personnage de John Coffey, éclipse totalement les autres acteurs si bien que Hanks a du mal à exister lorsqu'ils sont dans une scène ! Du grand art. Leur duo est fantastique, ainsi que tous les seconds rôles qui sont absolument exemplaires et géniaux (mention spécial à ce taré de Sam Rockwell, qui joue décidément tous les salauds qui peut).
Au- delà des acteurs et du réalisateur, la ligne verte pourrait vite se faire taxer de film niais, inégal ou trop long, mais le coup de génie de Darabont est d'avoir pu nous immerger complètement dans le quotidien des prisonniers et des gardiens, de façon à ce que les péripéties s'enchaînent sans vraiment mal géré quoi que ce soit. Les décors font plus vrais que nature, la photographie est démente, les jeux de lumière comme la magie de Coffey font un ensemble d'une poésie remarquable, la musique géniale mais subtile de Thomas Newman font que la ligne verte est une réelle symphonie émouvante, tragique et très mature sur beaucoup de choses : l'univers carcéral, la religion, le pardon, le temps, la vie et la mort.
C'est bien simple, j'ai tout simplement été envoûté par ce film, et je ne l'ai pas lâché d'une seconde. Il y a cependant quelques petits hics par- ci par- là, notamment les effets spéciaux, mais malgré cela j'ai pris un pied géant. C'est un de ses grands films qui prend vos tripes pour ne plus vous lâcher, jusqu'à un des meilleurs finals de tous les temps !
Je dois dire que tout le film monte crescendo dans la tension et l'émotion jusqu'à un final extrêmement émouvant et grandiose. J'ai jamais autant pleuré comme un gamin devant un film, c'est bien la preuve que La ligne verte est spécial et mérite tous les lauriers du monde.
Longue vie à ce film certes qu'il ne paye pas de mine, très classique, mais s'avère être un réel chef d'oeuvre caché, qui vous fera réfléchir longtemps après, jusqu'à vous hanter pour un second visionnage, qui sera toujours aussi épique. Oui, foncez et aller le voir, si vous ne l'avez pas fait. Une réussite totale.