Bien que potentiellement justifiée par la teneur de la fin du film, je trouve l'acharnement typique qui consiste à vouloir déceler un message politico-moral globalement hors de propos quand l'on parle de la Ligne Verte. Personnellement, j'ai davantage vu cela comme une petite fable intimiste centrée sur le personnage de Caffey et qui fait surtout à une chose : susciter l'émotion.
Vu sous cette optique, ce film qui ne laisse pourtant pas planer le doute sur ces origines purement américaines (présence d'une ordure contre laquelle on va faire monter la haine pour enfin satisfaire le peuple en le punissant, artifices de jeu un peu exagérés dans la délivrance de l'émotion, condamnation systématique dans la manière de tourner de certains) réussit son pari grâce au jeu exceptionnel de Duncan et de l'utilisation des défauts traditionnels hollywoodiens à l'avantage de la narration.
S'étalant sur 3 heures, le film utilise bien le temps en amenant avec douceur un drame annoncé par le propos du film et en finissant par intégrer le sepctateur dans ce petit groupe intimiste, dans cette prison qui se vide peu à peu : au rythme du film, progressivement, le spectateur se prend au jeu et s'afflige de la perte de ses compagnons. Cette assimilation est d'autant plus aisée que les gardiens de prison ne forment pas dans la narration des personnages vraiment identifiés en tant qu'individus mais plutôt comme un groupe dont les solidarités internes font la force.
Ainsi, le récit s'achève sur le départ du dernier pensionnaire : les coeurs se vident de larmes comme la prison se vide de sa chaleur. L'extérieur n'et pas vraiment présenté, les autres hommes ne sont là qu'en tant qu'invités, de fait le spectateur se coupe progressivement du monde extérieur et ressent ce qu'est la vie dans ce microcosme un peu à part : c'est sa maison le temps du film, c'est là que tout finira.
Malheureusement le cinéaste a eu la très très très très ... (on va arrêter là...) mauvaise idée de clore son film sur la réflexion d'un vieillard en opposition totale avec toute le propos du film, saccageant allègrement presque 3 heures du film en 10 minutes. La solennité du final est ainsi spoliée et sacrifiée a un filn saugrenue, presque gerbante, salissant la mémoire de Caffey et de cet isolement, tout ce travail de construction de l'attente de la ligne verte.
Je préfère oublier ce final que je ne visionnerais plus quand je regarderais le film, ce serait dommage de renier 3 heures de film pour si peu, mais quand même... (ma note ne tient pas compte de la fin)
Foulcher
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Blu Ray

Créée

le 16 mai 2011

Critique lue 947 fois

3 j'aime

Foulcher

Écrit par

Critique lue 947 fois

3

D'autres avis sur La Ligne verte

La Ligne verte
Nicolas_Thollet
9

Il etait une fable ...

Tout comme sa précédente réalisation, il m’est difficile de porter un jugement tout à fait objectif sur ce film de Darabont tant je l’ai visionné un nombre incalculable de fois depuis 15 ans. Ce film...

le 14 mars 2015

60 j'aime

7

La Ligne verte
Tonto
10

Heureux les coeurs purs...

En 1935, Paul Edgecombe (Tom Hanks, absolument magistral) est gardien dans un pénitencier de Louisiane. Un jour, un colosse noir, John Coffey (Michael Clarke Duncan, parfait), accusé d’avoir violé et...

le 3 oct. 2017

41 j'aime

8

La Ligne verte
Gaor
1

Critique de La Ligne verte par Gaor

Je hais ce film, t'as pas idée. C'est du vomi sur pellicule. Du dégueulis de bons sentiments, plus prévisibles que la prévisibilité, plus formatés que le formatage, plus binaires que la binarité...

Par

le 5 mai 2010

37 j'aime

13

Du même critique

Banished
Foulcher
8

La renaissance de la gestion ?

Le problème quand on critique un jeu de gestion c'est de réussir à prendre en compte le prix du jeu tout en en évaluant l'intérêt ludique absolu qui repose grandement sur le contenu en sus des...

le 13 mars 2014

31 j'aime

6

Fast & Furious: Hobbs & Shaw
Foulcher
3

Transformers : Hobbs & Shaw

Aucune critique négative sur un tel film ? Il doit y avoir une erreur, ce n'est pas possible...heureusement, la nature a horreur du vide et je suis là pour le combler. Commençons sans détour : ce...

le 6 août 2019

20 j'aime

1

L'Empereur de Paris
Foulcher
5

Un parfum de téléfilm TF1 sans ambition

Le titre pourrait paraître contradictoire étant donné que je suis un fan absolu des Misérables de Josée Dayan mais il s'agissait d'une des rares superproductions qui contredisaient la règle. Pourquoi...

le 11 déc. 2018

19 j'aime

2