La Ligue des gentlemen extraordinaires par Owen_Flawers
Avant de revoir ce film, qui m’avait laissé une excellente impression gosse, je m’imaginais, tel un chevalier en armure brillante, faire une apologie contre toutes les mauvaises langues d’ici et d’ailleurs, redressant l’honneur du métrage et rétablissant la justice.
Hélas.
J’ai vu, avec des yeux sans brides des fantaisies d’enfance, un Sean Connery fatigué et presque sans sa lueur caractéristique. Une doublure, bien trop visible, effectue toutes les scènes d’action, même courir de face une fois, par là brisant sans cesse la suspension d’incrédulité. Comme dans les derniers James Bond avec Roger Moore. Son charisme malheureusement ne peut rien y changer, la plupart du temps je ne peux pas dire que c’est lui, et quand ça l’est, il est un peu las et sans conviction dans son jeu. Faut dire que le scénario n’aide pas...
Les autres membres du casting ne se distinguent pas tellement. Le gars indien qui joue capitaine Nemo a certes la classe. Mais genre le gars qui joue Tom Sawyer est tellement lamentable, par sa présence déjà, que je suis tenté de tracer un parallèle avec Orlando Bloom (désolé). Dorian Gray aurait pu faire un personnage intéressant si il n’était pas juste le traître de service (parce qu’il en fallait un, et que l’homme invisible c’est quand même un atout trop grand); comme il est, c’est du gâchis, chose commune à tous les aspects du film. L’homme invisible est censé être le comique... mais il est juste invisible (haha); en revanche j’aime bien l’acteur qui le joue. La femme du respect des quotas m’a semblé par contre plus ou moins mystérieuse et recélant quelque étincelle psychologique dans ce néant empli de bons sentiments et d’échafaudages de situations botes, malheureusement c’est jamais bien exploité. Hulk, pardon, Hyde, et son alter ego, sont effacés et quasiment absents pour qu’on puisse les cerner autrement que par l’inutilité (et les affres de l’apparence de Hyde). De manière générale, ces personnages sont dispensables, puisque le film est largement centré sur Quatermain.
Le méchant est ridicule quant à lui, ayant un plan comme d’habitude très nul et irréaliste, et tellement faible qu’il fuit à chaque rencontre avec la ligue et leur échappe de peu. Son identité véritable m’a plongé dans le réconfort du palmface. J’ai quand même pensé, pour le rédimer un peu, que sa faiblesse peut-être serait mise en avant exprès (comme dans la nouvelle «les Furies» de Zelazny, si quelqu’un connaît), mais j’ai abandonné l’idée car rien ne le suggère par ailleurs.
Le scénario est mauvais et constellé d’incohérences et de facilités. Je ne les énumérerais pas, car j’ai la flemme de les chercher précisément. Mais par exemple me tracassent surtout les événements à Venise, à propos de la réaction en chaîne des bombes. Pourquoi il faut exploser un bâtiment en particulier avant que les explosions l’atteignent pour arrêter la réaction en chaîne? Les bombes sont sous-marines, aucun rapport du bâtiment à la bombe correspondante, seulement de la bombe vers le bâtiment. Et même si par quelque prodige ce n’est mie une incohérence, alors c’est présenté de la façon la plus confuse qui soit, dans le feu de l’action, par quelques phrases criées en circonlocutions.
Les effets spéciaux, pour finir, sont à vomir, on dirait un jeu vidéo de l’époque (hein, Jackson?), et les incrustations indignes du budget (m’enfin 17 millions en ont été mangés par Sean). Affreux et démoralisant. Regardez particulièrement comment brille le Nautilus au soleil. Beurk. Ah, et le Hulk rouge que devient un des méchants. Un gros Photoshop animé mal fini par des gens sans maîtrise.
Hollywood sait exploiter les œuvres et leurs potentiels commerciaux autant que les niquer.
P.S. J’ai jamais lu le roman graphique et je compte pas, les images me fatiguent, moches de surcroît.