La dichotomie Neeson/Fiennes: analyse contemporaine d'un néophyte

Pour les adorateurs du film, de Steven Spielberg plus largement ou bien pour les sceptiques essayant de se faire une raison de plus de visionner ce film, sachez que cette critique-analyse est celle d'un fan de ce cher Spielby - fan qui découvre tout juste cette œuvre sur la shoah, en cette belle fin d'année de l'an 2017.
Je me situe donc dans un contexte cinématographique complètement différent de ceux l'ayant découvert dans les années 90 ou au début des années 2000. Et quand je parle de contexte cinématographique, j'évoque ici la chronologie historique des films du genre et la carrière progressive des acteurs et réalisateurs du dit film.


Et oui, moi j'ai découvert le duo Liam Neeson et Ralf Fiennes dans Le Choc des Titans et La Colère des Titans. Sans aucun égard au jugement que l'on peut faire au remake du film éponyme de l'original de 1980 et de sa suite douteuse, j'ai trouvé les acteurs remarquables dans les rôles respectifs de Zeus et Hadès. Les retrouver ici comme cul et chemise ne fut que bonne surprise et c'est à mon humble avis la qualité principale de l’œuvre, avec la mise en scène.


J'ai eu ce sentiment que tout ce travail de mise en scène n'a pas pour but de montrer visuellement l'aspect trash et horrifique du génocide, mais plutôt de présenter la peur, alimentée et perpétuée par un régime d'oppression exerçant un formidable pouvoir de manipulation et d'influence. Enfin dans tout ça, il y a aussi un peu d'amour... Beaucoup même, de la part des victimes déportées, séparées de leur famille, de la part de celles manipulées ou oppressées par ce régime de la peur... Quelles soient juives ou non, allemandes ou non ou même nazis.


Je trouve donc que le tout est admirablement représenté par le SS-Hauptsturmführer, Amon Göth (Ralf Fiennes) d'un côté, et Oskar Schindler (Liam Neeson) de l'autre. L'un se voulant être la représentation de la terreur et du désordre; celui qui prend plaisir à jouer les snipers sur son balcon surplombant la cours où travaillent les déportés juifs. L'autre se voulant être la représentation de l'amour et de la sagesse; Schindler vouant une passion pour la femme. Il les embrassent toutes, il leur fait l'amour, il en vient même à donner un baiser à une juive, ce qui lui vaut quelques représailles en passant. Tiens, un peu comme Zeus et Hadès, dans la Mythologie Grecque finalement. Si ce n'est que je rajouterai qu'il y avait un élément important qui caractérise Goth; c'est cette facilité à se faire manipuler et influencer. Comme si finalement, la cruauté ne résidait pas en l'individu même, mais plutôt dans ce triste pouvoir d'influence et de manipulation auxquels ont été victimes de nombreux hommes.
Pour en revenir aux acteurs, ils en deviennent limite la dichotomie du bien et du mal, l'un fait l'amour, l'autre fait la guerre; plusieurs séquences en seront témoins, Schindler distribue des baisers quand Göth distribue des balles.


Excellent. Cette amabilité scénaristique est venue rehausser le niveau du film à mon sens, car étant donné le contexte dans lequel je me trouve, eh bien les films et documentaires traitant de la seconde guerre mondiale j'en ai vu des tonnes, nom de Zeus. Je suis alors largement coutumier de ces scènes de meurtres et de violence présentées au cinéma, de manière chronologique, selon le processus bien connu de la solution finale. De fait, mise à part l'intrigue portant autour de nos deux compères, j'avais l'impression de déjà connaître le film, bien que j'ai trouvé les scènes d'une qualité généralement supérieure à tout ce que j'avais pu voir auparavant.


J'en finis donc avec ce que je redoutais. Oui car si j'ai visionné La liste de Schindler que maintenant ce n'est pas parce que je suis scrupuleusement l'agenda de Sens Critique aussi intéressante soit-elle. Ce qui m'a freiné? 3h15, le tout (enfin pratiquement) en noir et blanc! Attention, j'ai beaucoup aimé certains films de 3h00 et certains films en noir et blanc, mais n'étant pas habitué à ces formats, j'ai eu du mal à m'y plonger. Mon apriori était que le choix du monochrome avait pour seul symbole le côté vintage et révolue de cette sombre période et je trouvais ça bof. Mais j'ai eu le sentiment en regardant le film qu'il y avait aussi une intention esthétique, symbolique et poétique grâce à l'absence de couleur. Pour en revenir aux acteurs, Schindler étant le blanc, la pureté, la justesse et Göth, le noir, le macabre, les ténèbres. J'ai aussi trouvé que cela atténuait la violence visuelle, le côté trash, morbide, sale, poussiéreux et écœurant. Je pointais du doigt certains films du genre dont le récent HHhH qui était plongé constamment dans ces temps merdiques donnant un ton marron-gris au film - je m'en lasse tellement (https://www.senscritique.com/film/HHh_H/critique/141319064).


En fin de compte, un bon film avec de très belles images signées Spielby et de supers acteurs. Des messages intéressants qui rehaussent la qualité d'une histoire souvent répétée de la même façon que ce soit sur son fond ou sur sa forme.

Jordan_Michael
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le 22 nov. 2017

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