Le film commence par un lent (très lent) zoom arrière sur une femme évoquant une prière, face caméra. On comprendra ensuite que cette femme est l'épouse d'un général. En effet, le film raconte l'histoire du général en question et de sa famille. Cet ancien militaire vieillissant et malade, est coupable de génocide des indiens mayas. Entouré de sa femme, leur fille, leur nièce et un garde du corps, il va se retrouver confronté à la rage du peuple victime de ses crimes.Un jour, une jeune et mystérieuse servante va faire son entrée dans la demeure et dès lors, les protagonistes seront témoins de phénomènes étranges.


L'intention du réalisateur était juste: s'inspirer d'une légende de l'Amérique latine ("la Llorona", signifiant "la Pleureuse") pour dénoncer le génocide des Mayas dans les années 80, des mains du dictateur Rios Montt.


Mais c'est dans la forme, que "La Llorona" tombe à plat. Premièrement, Bustamante, le réalisateur, a du mal à faire cohabiter les genres dont le film voudrait se ranger. Il est un peu trop incohérent. Ensuite, le réalisateur se contente de filmer les personnages, à l'aide d'innombrables zooms avants et arrières et de quelques effets de caméra plutôt laid (les manifestants Mayas filmés avec la technique du fisheye). Les personnages, par ailleurs, cachent des secrets que jamais le réalisateur ne veut révéler. En soit, cela pourrait être justifié.
Le problème est que le cinéaste ne fait qu'évoquer un secret pour ensuite, en mentionner un autre. Quel intêrét à cela, si pas plus d'importance ne leur est donné?


Surtout, les dialogues semblent avoir été écrits à la va vite et pourraient rappeler des épisodes de la série "Amour, Gloire et Beauté" ou d'autres téléfilms de mauvaise qualité.


Les acteurs, quant à eux, ne sont pas tous très convaicants et tombent parfois dans le ridicule (l'acteur jouant le rôle du général, en tête... mais celui du garde du corps n'est pas vraiment mieux). Maria Mercedes Coroy, interpréte de la nouvelle servante, Alma, est tout à fait juste et apporte à son personnage ce qu'il lui fallait de troublant.


Aussi, la vision que porte Jayro Bustamante sur les personnages est assez ambigüe. Il semble, à trop vouloir nous montrer spécialement le général dans ses moments de souffrance, le considérer un peu comme un personnage pas si terrible. Bien sûr, je suis convaincu et je l'espère, qu'il ne s'agit pas là de la volonté du réalisateur.


Mais si le film entaîne le spectateur dans un certain ennui, dû à ses longueurs, il faut lui reconnaître de belles images et certaines séquences dont l'ambiance angoissante fonctionne.

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le 17 févr. 2020

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