La loi de Téhéran se présente à nous comme un bilan, un état des lieux du pays qui passera formellement par une mise en scène documentaire et protocolaire.
Mais derrière cette approche très démonstrative, quasi-mécanique, se trouve un véritable sens du contraste. Dans sa première partie, La loi de Téhéran s’intéresse à l’enquête qui mènera à l’arrestation d’un certain Nasser, grand ponte du trafic de drogue local. Face à un thriller aussi froid qu’efficace, le film oppose l’humanité du trafiquant et de ses proches. Une famille qui pleure durant une fouille, un message d’enfant sur le répondeur pendant un raid, toute la première partie est bâtie sur ce face à face. L’exemple le plus évident étant une scène d’interrogatoire où, devant le récit d’une histoire d’amour passée, l’enquêteur jette des dossiers sur son bureau pour menacer celle qu'il questionne, symbole absolu du conflit entre bureaucratie et sentiments.
Cette mise en scène se révèle finalement être l’introduction à une seconde partie en huis-clos, plus psychologique, où l’humanité du trafiquant trouve sa pleine expression. C’est un nouveau film que nous propose alors La loi de Téhéran, entremêlant plusieurs sous-intrigues qui se répondent, dépeignant à la fois le portrait d’un homme (Nasser), d’un environnement (la prison) et d’un système judiciaire. C’est comme si le pays tout entier se retrouvait symbolisé ici, dans cette cellule, et que tous les problèmes du pays remontaient à la surface.
Saeed Roustayi parvient à multiplier les registres, et à mettre en place une lente montée en puissance qui s’achèvera sur deux scènes sidérantes. La beauté formelle et l’intensité des deux dernières séquences impliquant Nasser font de La loi de Téhéran une œuvre sidérante, qui ne cesse de se réinventer et d’exceller dans tous les registres qu’elle explore.