L'indiana pendant la guerre de Sécession. Une famille de quakers : le père (Cooper), la mère (Dorothy Mcguire), le grand fiston (Anthony Perkins), la soeur coquette (Phyllis Love), le gamin rouquin rigolo (Little Jess), le voisin méthodiste plutôt taquin, le sergent nordiste qui tourne autour de la fifille....

Il s'agit avant tout d'une comédie, qui repose notamment sur l'air pince-sans-rire de Cooper et la foi assez rigide de Mcguire. Car la famille subit bien des tentations, notamment dans cette kermesse où Cooper est tenté d'acheter un orgue (blasphème !), Little Jess aide des gars qui jouent de l'argent, fifille danse et Perkins manque de se bagarrer. Beaucoup de séquences sont fort drôles, comme les scènes où Cooper, sans le reconnaître, fait la course avec son voisin en voiture à cheval (orgueil !), le traumatisme de la mère en voyant l'orgue arriver chez elle (elle décide d'aller coucher avec le cheval), la scène où elle frappe un sudiste qui veut plumer son oie à coups de balais, ou encore la venue des Anciens, inquiets pour Jess et rassurés par une tirade enflammés que le chef de famille fait pour... couvrir des bruits d'orgue ! Ce comique est assez cartoon, le summum dans le genre étant la scène de traque entre l'enfant et l'oie au début. Aussi efficace qu'un bon Tom et Jerry.

Quel casting, quand même, non ?

La grande force du film repose sur sa photographie : intérieurs baignés d'une lumière oblique avec des tons bruns harmonieux, jeux sur la lumière des lampes à pétrole, extérieurs absolument magnifiques, avec des arbres morts émergeant d'une mare dédoublés par leur reflet, chemin poussiéreux sur lequel fifille fait un dernier bisou au sergent avant qu'il ne parte, puis s'écarte du passage. Je ne connais que Wyler pour utiliser aussi bien la couleur (d'ailleurs les scènes de couse en boggy préfigurent un peu "Ben Hur"), vues les horreurs qui sortaient en technicolor à l'époque.

Mais le découpage n'est pas en reste. Etudier le découpage de la scène où Perkins est en embuscade avec son fusil, ou bien la scène de "meeting" quaker au début, révèlerait probablement une grande maestria.

Reste l'argument du film, à propos de l'usage ou non de violence en cas de légitime défense. Il n'est au fond pas central, et un peu escamoté par les vannes. Celles-ci ne sont d'ailleurs pas bien méchantes envers les quakers. Car Dorothy Macguire a beau jouer un personnage assez étriqué, c'est aussi une très belle figure maternelle.

Il ne faut donc pas chercher une grande profondeur, mais en revanche, au niveau technique, quelle maîtrise ! A voir.
zardoz6704
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le 25 avr. 2013

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le 25 avr. 2013

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