J'ai regardé le film en deux fois. Non pas qu'il était pénible, juste qu'il était trèèèèèès long. 3h30 quand même !
Mais quels dialogues. C'est drôle, c'est touchant, c'est un peu philosophique. J'ai beaucoup apprécié que l'auteur prenne autant de liberté, qu'il se permette d'étirer des moments aussi insignifiants, qu'il digresse autant sur un film à l'intrigue aussi simple. La dernière heure m'a un peu moins séduit parce que justement on sent bien qu'on entre dans la gravité du propos, on quitte la légèreté qui définissait le film jusque là. Les digressions sont moins nombreuses, le plus gros du discours philosophique a déjà été énoncé, il ne reste plus que les miettes. Mais comme les personnages sont toujours là, qu'ils évoluent aussi, et bien ça passe bien quand même.
Pour moi, "La maman et la putain" annonce un peu ce que fera Apatow plus tard : des dialogues, du cul, de la profondeur, des personnages qui sonnent vrais ; à partir du moment où un auteur fait paraître vrai du faux, je pense que c'est déjà réussi. Ou presque. Ce personnage principal, je ne pensais vraiment pas l'aimer, j'ai vraiment cru que lui et donc l'auteur, allait m'emmerder du haut de son arrogance et de sa pédanterie. En fait pas du tout, car tout cela est complètement comique. On ne se moque pas, mais clairement on ne se prend pas au sérieux. Un peu comme Woody Allen qui aime tourner en dérision son petit monde de l'art qu'il affectionne tant.
J'avais peur de détester le personnage principal par son comportement odieux, pédant, agaçant. Mais au fur et à mesure que le film s'écoualit devant moi, j'ai eu l'impression de voir quelqu'un de naïf en réalité, comme un enfant qui ne sait rien du tout et qui en est conscient malgré les apparences. Ses failles sont nombreuses, à se demander comment il a réussi à ne pas casser.
La mise en scène est très simple, et c'est tant mieux. Il n'aurait vraiment pas fallu surcharger le découpage et au contraire privilégier le minimalisme. Ainsi, les scènes consistent le plus souvent en des champs et des contre-champs. Bien que ce soit surtout le verbe qui rythme la narration, ça bouge quand même, l'auteur ne se contente pas de placer ds longs plans séquences sur trépied de deux personnes qui parlent : on reste donc dans le medium du cinéma. Mais réduit ici à sa plus simple expression on va dire. Et puis les acteurs sont très bons. Léaud, j'y croyais pas trop, surtout que tout le monde, lui surtout, parle faussement, mais ça prend en fait. Il est même des moments où il m'a touché avec un tremblement subtil de la voix pour évoquer la tristesse. Et en plus les actrices sont franchement mignonnes. Bernadette était une très belle femme avec un beau corps. Françoise est franchement mignonne, dommage qu'on ne voit pas son cul dont on parle si souvent dans ce film.
Je me demande si l'auteur n'est pas un peu raciste. Peut-être une impression idiote ? En tous cas, à chaque fois que des 'gens de couleurs' sont mentionnés, c'est avec dédain. Parfois c'est même franchement insultant (la maman qui s'offusque d'être comparée à une négresse, par exemple). C'est toujours bizarre d'entendre ce genre de propos. Ce n'est pas courant. La censure agit trop. Ou fait trop peur. Mais bon, on s'en fiche que ce soit raciste ou pas, ce qui compte, c'est la structure narrative, les dialogues, les personnages. Et pour tout ça, je peux dire que "La maman et la putain" est un sacré bon film. On touche directement au bon divertissement. Avec le dialogue et non l'action, mais ce n'est pas grave. On devrait d'ailleurs parler des ellipses de ce film, elles sont nombreuses. J'aurais voulu qu'il y en ait encore plus. Là on aurait alors pu comparer à "The searchers". Mais voilà.
Très bon film en tous cas.