janv 2010:

Je voyage toujours doucement au coeur de la filmographie d'Almodovar, périple découverte où progressivement le style, les thèmes, la direction d'acteur, le rythme de jeu ou d'enchainement des situations commencent à écrire une délicate et agréable musique dont la partition m'a longtemps échappé. Je sirote et avance doucement mais sûrement.

Cette mauvaise éducation m'a tout aussi gracieusement transporté que les étreintes brisées, vues récemment. J'y ai trouvé une certaine continuité. Dans le style, mais plus encore dans le ton, sombre et coloré à la fois, un film noir où les personnages paraissent englués dans un destin, vilain farceur. Et encore une fois, j'ai le nette sensation de ne pas avoir eu toutes les cartes en main pour décrypter la substantifique moëlle du film et qu'il me faudra le revoir et sans doute rerevoir encore et encore, ce n'est que le début, d'accord, d'accord, pour me l'approprier de fond en comble. Une oeuvre qui demande à être lue, entendue avec un certain bagage : les films précédents. Ce n'est qu'une impression, mais le sentiment d'avoir à faire à une oeuvre linéaire dont chaque élément se lie à son prédécesseur s'impose de plus en plus à moi. Voilà des perspectives cinéphiliques bien alléchantes, un encouragement séducteur, n'est-il pas?

Il n'y a guère finalement que la prestation de Fele Martínez qui me fait encore quelque peu tiquer, sans pour autant que je parvienne en déceler la raison. Difficile d'analyser ce ressenti... le ton, le rythme, la progression de ce garçon m'ont semblé par moments en deçà de ses camarades.
Bernal rime avec phénoménal.
Javier Cámara réinvestit son personnage de "Parle avec elle", en lui donnant une tonalité énooormément plus comique, mais toujours très affectueuse.
Je retrouve la sobriété et l'intensité de jeu de Lluís Homar, à rebours, je l'avais rencontré avec bonheur la première fois sur les ultérieures "étreintes brisées".
Plaisir.
Alligator
9
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le 30 mars 2013

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Alligator

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