Ray se la joue Agatha Christie / Georges Simenon dans ce film noir qui doit aussi pas mal aux classiques américains des années 1940. Il est d'ailleurs bien difficile de ne pas penser à Bogart se déguisant avec malice dans le Grand Sommeil quand Byomkesh se grime en japonais pour les besoins de son enquête. Cela dit, le film est un peu coincé entre ses références et ne parvient pas à s'affranchir de verbiage typiquement littéraire qui n'apporte pas toujours beaucoup à l'enquête. Il y a beaucoup de surplace dans le récit, et pas seulement parce que le personnage piétine dans ses recherches en mode Whodunit.
Avec 2h10 au compteur, il y a plusieurs moments où les dialogues sont trop présents, trop envahissants et trop didactiques comme l'incontournable final où le détective réunit dans la même pièce tous les suspects pour exposer ses conclusions et démasquer le coupable. D'ailleurs lors des 15 dernières minutes, il y a eu un problème avec les sous-titres électroniques durant 10 minutes mais les 5 restantes étaient largement suffisantes pour comprendre la démonstration du Byomkesh.


Pourtant Ray essaye d'éviter la réalisation statique avec notamment un jeu plutôt habile sur la figure du cercle. Les personnages, comme les information et donc le raisonnement, fonctionnent inlassablement en rond : la caméra effectue beaucoup d'arcs de cercle, les personnages effectuent de nombreux aller-retour et les lieux du crime prennent place dans une large demeure où les différents bungalow forment un cercle. Sans parler des bandes magnétiques qui sont fréquemment rembobinées (ou le serpent enroulé).
Il y a ainsi quelques passages plutôt réussis comme la première visite de la maison du futur assassiné, lorsque Byomkesh essaye d'éliminer les suspects de son tableau ou quand il visite l'appartement du présumé coupable (avec une séquestration assez amusante d'une voisine).
Sans être jamais vraiment ennuyeux, je regrette que les séquences ne possèdent pas toute cette petite touche d'originalité qu'on retrouve épisodiquement. Et certaines péripéties du scénario sont loin d'être toujours évidentes (le McGuFffin de la chanson est assez tordue quand même).
Cela dit, la décontraction du récit et son héros éminemment nonchalant et attachant en font un plaisant divertissement. Et la transposition locale des codes du genre fonctionne plutôt.

anthonyplu
6
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le 10 nov. 2016

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anthonyplu

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